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n’empêchait de faire parvenir directement, sans passer par le territoire austro-hongrois, ces articles dans les pays de consommation. En même temps, — et c’était le plus difficile, — il fallait chercher un moyen d’assurer l’écoulement des marchandises qui trouvaient d’ordinaire un marché avantageux en Hongrie et en Autriche ; il s’agissait de trouver où vendre, et bien vendre, les 130 000 porcs, les 60 000 têtes de gros bétail, les deux millions de kilogrammes de volailles, dont l’époque d’engraissement arrivait, et qui ne pouvaient attendre, sous peine de ruine pour les paysans serbes dont ces divers élevages constituent le principal revenu. Un crédit de 500 000 francs fut voté pour la recherche et l’étude de débouchés nouveaux : une mission d’études, dirigée par M. Michel Popovitch, fut envoyée dans les ports de la Méditerranée, en Égypte où le développement de la culture du coton, en restreignant l’élevage du bétail, rend nécessaire une importation considérable de viande, à Malte où la garnison anglaise consomme beaucoup de beefsteaks, à Gênes, à Marseille ; partout elle trouva bon accueil, conclut des affaires, amorça de nouveaux courans commerciaux. La saison venue, les exportations purent se faire normalement. Par le Danube, voie internationale et neutre en vertu des traités, les marchandises serbes remontèrent jusqu’à Ratisbonne pour se répandre en Allemagne, ou descendirent vers Galatz et Braïla pour être embarquées sur la Mer-Noire ; le gouvernement bulgare accorda sur ses chemins de fer un tarif réduit pour les transports vers Varna ; sur les voies serbes une réduction de 50 pour 100 fut concédée pour les céréales et de 20 p. 100 pour le bétail vivant ; à qui voudrait expédier des porcs vivans de toutes les gares serbes à Belgrade une diminution de 50 pour 100 fut accordée, à la condition que les porcs abattus seraient exportés ; vers Salonique, enfin, les marchandises serbes trouvaient une voie de sortie par le réseau des chemins de fer orientaux.

Le marché austro-hongrois se trouvant fermé aux denrées serbes, l’occasion parut bonne à d’autres nations commerçantes pour profiter de la rupture et attirer chez elles une partie du commerce. Le Norddeutscher-Lloyd entra en pourparlers avec la Compagnie de navigation serbe pour attirer à Braïla, par le Danube, une partie des marchandises provenant du royaume ; mais, en général, les compagnies allemandes, pressenties, refusèrent, à l’instigation du gouvernement, de supplanter le commerce