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LETTRES INÉDITES
DE
JOSEPH DE MAISTRE[1]

I
JOSEPH DE MAISTRE ET LOUIS XVIII


I

Chassé de Savoie en 1792, par l’invasion française, le comte Joseph de Maistre, encore inconnu hors de Chambéry sa ville natale, s’était, après de cruelles aventures, réfugié en Suisse. Installé à Lausanne, où son séjour devait se prolonger jusqu’en 1797 et où sa famille avait pu le rejoindre, il y vivait obscur et

  1. Ceux des lecteurs de la Revue qui ont suivi mes études sur l’Émigration n’ont sûrement pas perdu le souvenir des quelques fragmens de lettres de Joseph de Maistre, que j’ai cités dans les livraisons des 15 juillet et 1er août derniers. Comme les papiers de Louis XVIII, qui ont apporté à mes travaux un élément révélateur et précieux, la correspondance d’où ces fragmens ont été tirés appartient à M. le duc de Blacas, petit-fils du ministre de la première Restauration. Elle est presque entièrement inédite. Des douze lettres écrites par Joseph de Maistre au comte d’Avaray en 1197, 1798, 1804 et 1807, six seulement, celles de 1804 et de 1807, figurent dans le recueil des Œuvres complètes de l’illustre écrivain (Vitte et Perrussel, éditeurs, Lyon, 1886). Quant à Blacas, sur cinquante-sept lettres qu’il a reçues de lui, de 1807 à 1819, on n’en trouve que huit dans la correspondance imprimée. Les autres méritaient cependant de n’être pas perdues pour l’histoire. C’est du faisceau de cette Correspondance inédite que sont extraites celles qu’on va lire, que j’ai cru devoir relier entre elles par un commentaire explicatif.