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avons dit quelles ont été les suites, il n’a pas fait de mal à son pays et n’a pas empêché le bien qui s’y est fait spontanément. N’est-ce pas, en somme, un éloge pour un souverain oriental ?


P.-S. — Les nécessités de la mise en page nous ont obligés d’écrire cette chronique un peu avant la date de sa publication : elle était composée lorsque nous avons eu connaissance de la nouvelle Encyclique pontificale. Ce document a une importance qui n’échappera à personne, sans que nous ayons besoin de la signaler. Quelque opinion qu’on en ait, il faut remercier le Saint-Père d’avoir parlé cette fois avant la réunion des évêques, et non pas après. L’Encyclique nouvelle a deux parties distinctes. Dans la première, le Saint-Père repousse comme non fondées les allégations, ou plutôt les accusations qui ont été dirigées contre lui par le gouvernement français : il semble même s’appliquer dans certains passages à réfuter directement les discours de M. Briand, qui ont mis à sa charge la responsabilité des épreuves douloureuses auxquelles l’Église de France est aujourd’hui condamnée. Mais la seconde partie est, pour le moment du moins, la plus grave. Le Saint-Père y donne son avis sur la loi du 2 janvier dernier, et il la condamne avec la même sévérité que la précédente. Les raisons sérieuses ne lui manquent malheureusement pas pour cela, puisque cette loi consacre ce que l’Église considère comme une spoliation, et ne lui offre en échange qu’une vie aléatoire et précaire. La question que nous avons indiquée plus haut n’en subsiste pas moins, et elle continue de s’imposer impérieusement aux évêques : comment l’Église peut-elle et doit-elle demain s’organiser pour vivre ? Y a-t-il, dans ces lois obscures et mal faites, quelques dispositions sur lesquelles on peut malgré tout s’appuyer ? Est-il possible d’y trouver, sans s’écarter des instructions de Rome, une planche de salut, si étroite soit-elle ? C’est aux évêques à le dire. Les difficultés de leur tâche nous apparaissent plus lourdes que jamais : raison de plus pour adresser à leur esprit d’initiative un appel encore plus chaleureux.


FRANCIS CHARMES.


Le Secrétaire de la Rédaction, Gérant,

JOSEPH BERTRAND.