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Encore les pêcheurs ne pouvaient-ils user de la permission que si le Parlement faisait pour eux ce qu’il avait fait, douze ans plus tôt, pour les petits et moyens agriculteurs : le crédit maritime apparaissait comme le corollaire naturel du crédit agricole ; grâce à l’organisation de ce crédit, disait dans son très remarquable rapport M. Pierre Baudin, nos pêcheurs sortiraient de leur longue minorité économique ; ils se procureraient sans peine les avances nécessaires à l’acquisition de leurs appâts et à la reconstitution de leur matériel ; là où il existe des syndicats, ces groupemens prendraient conscience de leur véritable rôle et trouveraient un juste emploi de leur activité, etc., etc.

La Chambre s’est rangée à l’avis de son éminent rapporteur. Elle a décidé que les sociétés de crédit maritime pourraient être dorénavant formées par la totalité ou une partie des membres d’un ou plusieurs syndicats professionnels ; elle a bien spécifié, sans doute, que ces sociétés auraient pour objet exclusif de faciliter ou de garantir les opérations concernant les industries maritimes, mais elle les autorise à recevoir des dépôts en comptes courans avec ou sans intérêt, à se charger des recouvremens et des payemens, à contracter les emprunts nécessaires pour constituer ou augmenter leurs fonds de roulement, etc. La nouvelle loi est donc aussi libérale que sage, et il faudrait seulement, pour qu’elle portât ses pleins effets, que les sardiniers de Bretagne ne confondissent pas deux choses très différentes : le prêt et le don. Il y a là, j’en ai peur, une nuance que ne saisiront pas tout de suite ces braves gens. L’État-Providence, depuis cinq ou six ans, est un dogme fort répandu sur la côte bretonne et qui n’a pas peu contribué à détacher les pêcheurs de leur confiance héréditaire en Dieu et en ses saints.

La loi votée sur le rapport de M. Roch pour la protection des conserves de sardines indigènes ne saurait éveiller de semblables appréhensions. Aux conserves de sardines, l’article premier a cru devoir ajouter les conserves de légumes et de prunes. Rien de mieux, et voilà trois industries qui, du même coup, se trouvent enfin sérieusement défendues contre la concurrence du dehors. Dorénavant, sur chaque récipient de conserves étrangères, l’indication du pays d’origine devra être inscrite « par estampage en relief ou en creux, en caractères latins bien apparens d’au moins quatre millimètres, au milieu du couvercle ou au fond et sur une partie ne portant aucune impression. » La