Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 37.djvu/411

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais surtout je revois, dans les pampres rougis
Des vignes vierges, ceux qui font de ce logis
Le royaume du bon accueil et du bien-être.

Vive l’hôte chez qui l’on aime à revenir !
Car le gîte n’est rien, c’est la grâce du maître
Qui l’embaume à jamais au fond du souvenir.


LA COIFFE LORRAINE


Bonnet de mon pays, blanche coiffe lorraine,
Nos filles aux yeux bleus étaient fières jadis
Du double rang neigeux de tulles arrondis,
Qui couronnait leur front comme un bandeau de reine.

Maintenant tu n’es plus en honneur… A grand’peine,
On te revoit encore au fond d’un vieux logis,
Sur la tête de quelque aïeule en cheveux gris,
Assise auprès de l’âtre et tricotant sa laine.

O coiffe que portait Jeanne de Vaucouleurs
Lorsque les Voix, au seuil du verger domestique,
La poussaient au-devant des Anglais ravisseurs,

Les femmes d’à présent te trouvent trop antique !…
Et voilà que leurs fils ne se rappellent plus
La France mutilée et les terroirs perdus.


LE SABOT DE VÉNUS[1]


O Cypripède, fleur bizarre,
La plus cachée et la plus rare
Qui croisse en nos bois, les savans
T’ont donné Vénus pour marraine,
Une humble Vénus, souveraine
Dont les hêtres sont les servans.

  1. Ophrys Cypripedium, l’une de nos plus belles et de nos plus rares orchidées indigènes.