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UN HISTORIEN BELGE
M. GODEFROID KURTH

Ce fut grande fête à Liège, un jour de l’été dernier. Des ouvriers et des savans, des prêtres et des hommes politiques, apportaient à M. Godefroid Kurth l’hommage de leur gratitude. Avant qu’il ne descendît de la chaire d’université qu’il occupait avec éclat, il semblait que l’État et l’Église, que l’aristocratie intellectuelle et la démocratie catholique, voulussent l’honorer d’un dernier applaudissement. On célébrait les services rendus par M. Kurth à l’enseignement universitaire, à l’histoire nationale et générale, à la philosophie catholique de l’histoire, à la cause du relèvement populaire : la science, la foi, la plèbe, manifestantes augustes, auxquelles jadis, d’un même élan, il avait donné tout son cœur, le félicitaient et le remerciaient.

On l’acceptait tout entier, tel qu’il était ; et, tel quel, on l’admirait et on l’aimait. Pas plus qu’on n’eût pu, dans la première moitié du siècle passé, scinder la personnalité d’un Gœrres, on ne se fût risqué à mutiler l’originalité de M. Kurth en laissant dans l’ombre les fragmens de son rôle et les traits de sa physionomie auxquels lui-même attachait le plus de prix. Soit que dans les textes il cherchât l’histoire, soit qu’ensuite dans l’histoire il discernât des leçons de Dieu, soit qu’enfin dans ces leçons mêmes il trouvât un programme pour l’orientation de la démocratie, M. Godefroid Kurth n’aurait pas supporté qu’en