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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 décembre.


Les événemens se sont précipités depuis quelques jours très rapidement ; mais ils ont compliqué la situation plus qu’ils ne l’ont simplifiée. Le gouvernement a expulsé Mgr Montagnini et a mis la main sur ses archives, qui comprenaient celles de l’ancienne nonciature. Il a fait voter au pas de course par la Chambre une loi nouvelle, qui n’est qu’une improvisation incohérente et, sur le point le plus important, celui qui se rapporte aux édifices religieux, inquiétante et obscure. Il a procédé à la reprise des palais épiscopaux et des presbytères. En un mot, il a changé brusquement de politique, et a remplacé la modération, ou, si l’on veut, la temporisation dont il avait paru faire le principe de sa conduite, par une hâte fiévreuse de procéder à des mesures d’exécution. On a assisté à Paris, et un peu partout, à des scènes infiniment pénibles : des prêtres âgés et infirmes ont été expulsés de leurs demeures où ils avaient cru, d’après des déclarations antérieures, pouvoir séjourner pendant quelque temps encore. L’Église, naturellement, s’est émue. En signe de deuil sans doute, la messe de minuit n’a pas eu lieu cette année, le jour de Noël, dans un grand nombre de diocèses. Et pourquoi tout cela ? Parce que des instructions venues de Rome ont interdit aux membres du clergé de faire, pour réunir les fidèles dans les églises, la déclaration prescrite par la loi de 1881. Aussitôt le gouvernement a perdu la tête. Il s’est écrié qu’il y avait là une violation formelle de la loi, chose intolérable et qui exigeait des représailles immédiates. Autant il s’était montré conciliant, autant il allait se montrer dur, et implacable. Et il s’est montré, en effet, tout cela. Mais il y a mis une grande maladresse,