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MADAGASCAR

I
LES RÉGIONS ET LES RACES

Après l’anglaise Port-Saïd, après Aden, après Mahé des Seychelles où languit notre race, le voyageur atteint Diego-Suarez ; et, le goulet franchi, après un développement de quelques milles, le paquebot glisse harmonieusement entre des navires pimpans, lavés d’or par le soleil, où le pavillon aux puissantes couleurs de la France claque à tous les mâts. On est aussitôt profondément touché de la beauté incomparable de la vaste baie. A quelque heure du jour qu’on y arrive, c’est sur la rade une sensation de largeur, de sécurité et de fraîcheur. Avec plénitude le littoral s’arrondit dans un cirque spacieux de collines bleutées, entre lesquelles une mer lamée d’argent par la brise sans cesse renouvelée prend toutes les nuances du vert au violet par le turquoise, évoquant ensemble chez le voyageur les visions artistiques et héroïques que les souvenirs d’Alger et de Carthage ou l’admiration des fresques de Puvis de Chavannes, représentant Marseille naissante et la côte grecque, ont condensées en une image synthétique de port colonisateur.

L’antiquité et la modernité s’y composent richement, et le génie universel de la France qu’un instinct sûr d’expansion mondiale conduisit aux points les plus divers du globe, s’y manifeste dans cette impression d’ensemble. Sur les talus, Antsirane[1]

  1. C’est le véritable nom : Diego est le quartier militaire.