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sorte de clinique, pour y soigner les maladies des pauvres qui se présentaient.


VI

Telle était la règle, plus ou moins strictement exécutée, comme tous les règles. — Il n’est pas, je pense, d’examen un peu vaste auquel tous les candidats, et même les examinateurs, ne pourraient se voir équitablement refuser si l’on raffinait la sévérité. — Le « premier barbier » du Roi, à Paris, et dans chaque ville de province, son « lieutenant, » qui était en dignité le premier de l’endroit, se montraient diversement débonnaires pour la maîtrise de chirurgie, comme les petites universités pour le diplôme de docteur. A Bourges, un aspirant plaide contre un « maître-juré » qui l’a écarté ; celui-ci déclare en justice « qu’il ne s’oppose à la réception dudit impétrant, bien qu’il n’ait pas été, satisfait de son examen. » Dans un autre procès, jugé en appel au Parlement de Paris (1623), entre les chirurgiens d’Angers et la ville, prenant pour eux fait et cause, d’une part et, d’autre part, un postulant à la maîtrise chirurgicale, le demandeur déclare qu’il a subi un examen favorable sur 500 à 600 questions et qu’on ne le veut recevoir qu’à des conditions qui ne sont pas raisonnables. »

Quoique les États de Provence se plaignent (1634) de l’université d’Aix qui astreint les chirurgiens à des examens, l’opinion publique n’entendait pas que le premier venu pût exercer sans contrôle. Le parlement de Toulouse défendait aux veuves de chirurgiens de tenir boutique, sous peine de 2 000 francs d’amende, après le décès de leurs maris ; et le conseil de ville de Grenoble protestait (1657) contre des lettres du premier médecin du Roi, conférant à leurs détenteurs sans autre formalité, — pour 100 francs, disait-on, — le titre et les pouvoirs de chirurgiens.

Comme les frais ordinaires d’études et de réception étaient, pour les barbiers-chirurgiens, dix fois moindres qu’à la Faculté de médecine de Paris, comme ils se recrutaient en des milieux plus humbles, ils étaient beaucoup plus nombreux et faisaient fonction de médecins, non seulement pour le menu peuple, mais aussi pour les grands seigneurs qui, jusqu’à la fin de l’ancien régime, eurent leur chirurgien à l’année et quelquefois à demeure. Le duc de La Trémoïlle donnait au sien 400 francs par