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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 décembre.


Nous voici arrivés à l’heure critique où la loi de séparation entre dans la période d’exécution, et l’inquiétude est plus grande que jamais. Le ciel qui a toujours été obscur, douteux, avec des éclaircies momentanées et peut-être artificielles, s’est chargé subitement de nuages plus épais. Qui pourrait dire ce que sera demain ? Ce qui se passe aujourd’hui montre déjà, avec une évidence en quelque sorte aveuglante, que tôt ou tard toutes les fautes s’expient, et les premières, au moins dans cette affaire de la séparation, ont été indubitablement commises par le gouvernement. S’il voulait rompre le Concordat, pourquoi n’y a-t-il mis aucune forme ? Pourquoi n’en a-t-il pas conféré avec Rome ? Pourquoi n’a-t-il pas dénoué le lien qui le gênait, au lieu de le briser avec violence ? Il se serait épargné par là bien des difficultés. Nous reconnaissons que, depuis la rupture, M. Briand a fait un effort sincère pour atténuer les conséquences d’une première attitude imprévoyante et brutale, mais il n’y a pas réussi. Il a rencontré au Vatican une intransigeance égale à celle dont le gouvernement de la République avait lui-même donné l’exemple. Ses avances n’ont pas, été accueillies, et aujourd’hui on entend dire de tous côtés que c’est la guerre. La guerre ! Dieu sait où elle nous conduira : quant à nous, nous n’en savons rien. Tant mieux pour ceux dont la conscience pourra leur rendre le témoignage qu’ils ont fait tout ce qui dépendait d’eux pour l’empêcher d’éclater !

Nous nous bornerons pour aujourd’hui au rôle de narrateur. Après avoir, en toute loyauté, rendu justice aux dispositions conciliantes de M. Briand, il faut bien reconnaître qu’il a commis, le 1er dé-