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LA
COMTESSE DE MIRABEAU
D’APRÊS DES DOCUMENS INÈDITS

DEUXIÈME PARTTE[1]


III. — CHEZ L’AMI DES HOMMES

Les instructions qu’Emilie avait reçues de son mari, en le quittant, lui définissaient sa tâche assez étroitement. Pour les coups donnés à M. de Villeneuve, Mirabeau n’admettait pas l’éventualité d’une punition. Mais cet esclandre prouvait au moins qu’il avait enfreint l’ordre du Roi qui le confinait à Manosque ; le ministre ne pourrait fermer les yeux là-dessus ; et Mirabeau envisageait comme probable son internement dans une citadelle. Emilie avait dû lui jurer qu’elle ne négligerait rien pour adoucir et pour abréger cette détention, si elle était inévitable, étant entendu d’autre part qu’elle la viendrait partager, où et à quelque moment que ce fût, au premier désir qu’il en exprimerait. En somme, il ne lui était permis de demeurer chez l’Ami des Hommes que le temps strictement nécessaire à l’assoupissement des poursuites engagées par M. de Villeneuve et au l’établissement des finances de son ménage. Une recommandation particulière interdisait à Emilie de faire étape à Montélimar et à Valence, parce que le mousquetaire Gassaud tenait garnison dans ces villes ou dans leur voisinage.

  1. Voyez la Revue du 1er décembre 1906.