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moment en Russie, où, en dépit d’une situation fort troublée, les affaires reprennent d’une façon étonnante.

Bien plus importante pour l’étude qui nous occupe est la question des prix. Les crises éclatent toujours lorsqu’ils sont très élevés ; la reprise des affaires se manifeste lorsqu’ils sont tombés très bas. Aussi les statisticiens ont-ils eu raison de chercher à établir des tableaux indiquant leurs fluctua Lions. Nous devons être reconnaissans des efforts qu’ils ont faits dans ce sens à d’éminens économistes tels que MM. de Foville, Raffalowich, March, Levasseuret Neymarck, en même temps qu’à MM. Mulhall et Jevons, et plus récemment à M. Sauerbeck dont le nom fait autorité en Angleterre. Il ne s’agissait pas de rechercher s’il était possible de prendre comme type une marchandise déterminée et de noter les fluctuations successives de ses prix ; il était préférable de prendre les cours d’une grande quantité de produits, d’en calculer la moyenne annuelle, d’en noter les maxima et minima. Ainsi qu’on les a nommés, ces index numbers sont en proportion directe et constante de la période de prospérité ou de dépression à laquelle ils correspondent.

Pour ne point abuser de la patience de nos lecteurs, nous ne citerons que les chiffres des dernières années. Si pour prendre une base quelconque on évalue à 100 la valeur des marchandises et produits divers de 1881 par exemple (veille d’un krach) on trouve que le minimum suivant, soit 81, a lieu en 1886, au moment de la reprise de la prospérité. On remonte à un maximum de 86 à la veille de la crise de 1890, pour retomber à 74 lorsque les affaires reprennent en 1895 ou 1896. La dépression de 1900 correspond à un maximum de 87 et la prospérité revient en 1902 en face d’un minimum de 82. Enfin nous sommes actuellement en pleine reprise puisque l’étiage de 1906 s’élève à 91. La relation entre le prix des marchandises et la marche des crises est si étroite qu’un grand financier américain, M. Jay Gould, voulant rendre service à M. Zadocks, put lui dire avec raison : Observez toujours avec soin les cours des métaux ; tant qu’ils haussent, soyez hardi ; devenez prudent lorsqu’ils s’arrêtent et surtout lorsqu’ils entrent dans la période de baisse.

En compulsant les cours des valeurs de Bourse, on arriverait à des constatations analogues à celles qui sont indiquées par les marchandises, mais beaucoup plus accentuées encore, puisque c’est dans ce domaine que fleurissent, surtout la spéculation et