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Á PROPOS D’UN MOT LATIN[1]

CCOMMENT LES ROMAINS ONT CONNU L’HUMANITÉ


I

Rien ne nous fait mieux pénétrer dans la connaissance des idées que l’étude des mots. Il n’en est guère dont on puisse tirer plus de profit et qui présente autant d’intérêt. Je me souviens de l’effet que produisit, même sur un public peu familier avec les lettres, le dictionnaire de Littré, quand il parut, il y a plus de quarante ans. On ne se contentait pas de le consulter à l’occasion, comme on fait ordinairement un dictionnaire, et pour un cas particulier : on ne le quittait pas, quand on l’avait en main ; on prenait plaisir à suivre les mots dans leurs acceptions diverses, et, en les voyant avec le temps changer de forme et de signification, on se rendait compte de l’évolution progressive des idées. Il semblait vraiment qu’à chaque fois, et sur un espace restreint, on se donnait le spectacle en raccourci non seulement de l’histoire de notre langue, mais de la marche de notre civilisation.

Essayons de faire quelque chose de semblable pour l’antiquité.

  1. Je dois, en commençant ce travail, m’excuser auprès du lecteur de ce qu’il a peut-être d’un peu spécial. Au moment où je quitte l’enseignement du Collège de France, j’ai tenu à résumer le cours que j’y ai fait l’an dernier. Et, puisque l’occasion m’en est offerte, j’en profite pour remercier, les auditeurs qui ont suivi mes leçons pendant quarante-quatre ans avec un empressement et une assiduité qui seront l’honneur de ma vie universitaire.