nombreux. La Chambre des députés se compose aujourd’hui de près de six cents membres ; et le Sénat de trois cents. Quatre cents députés et deux cent cinquante sénateurs suffiraient largement à tous nos besoins législatifs. Il n’y aurait plus alors le même inconvénient financier à augmenter l’indemnité des restans. Nous faisons des vœux pour le succès de la proposition de M. Charles Benoist ; mais, à parler franchement, notre espérance est très faible de la voir adopter. Plus le mandat parlementaire deviendra rémunérateur, plus il y aura d’intérêts, — au pluriel, — à en maintenir le nombre actuel. La quantité restera la même. Quant à la qualité ?… Mais c’est là une autre question, dont le développement nous entraînerait trop loin.
L’activité parlementaire n’a guère produit autre chose depuis quinze jours. Signalons cependant la discussion et le vote du traité de commerce avec la Suisse : elle a été brillante dans les deux Chambres et s’est heureusement terminée par un vote favorable, effectué à une forte majorité. Le sujet est trop technique pour que nous l’exposions en détail, mais aussi trop important pour que nous le passions son silence. La Chambre a commencé enfin la discussion du budget. Mais l’intérêt véritable n’a pas été dans le Parlement ; il a été dans le pays, où le gouvernement a fait procéder aux quelques milliers d’inventaires qui étaient restés en suspens.
On craignait le bruit avant les élections ; on le craint moins aujourd’hui. M. Clemenceau estimait alors que le plaisir de compter, comme il disait, quelques plumeaux et quelques chanceliers dans une sacristie ne valait pas qu’on exposât une vie humaine ; le point de vue est maintenant un peu changé. Il faut toutefois reconnaître, si on se reporte à la loi de séparation, que les délais accordés jusqu’ici pour permettre aux esprits de se calmer, ne peuvent pas se prolonger davantage. Le motif en est simple : c’est qu’à partir du 11 décembre, le mobilier des églises sera mis sous séquestre, et qu’il faut auparavant l’inventorier. Les esprits se sont-ils calmés pendant les sept ou huit mois de répit qui leur ont été donnés ! L’apaisement s’est fait dans une assez large mesure, mais non pas autant que nous l’aurions désiré. Comment ne pas regretter que des portes d’église, qui avaient quelquefois un caractère d’art, aient dû être entamées à la hache, ou qu’on les ait fait sauter à la dynamité ? Comment ne pas trouver puérile la forme de résistance qui a consisté, dans certains endroits, à brûler du soufre dans les églises pour faire éternuer les soldats ? Nous sommes loin cependant, des passions véhémentes que les premiers inventaires avaient déchaînées. Les