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REVUE MUSICALE


THEATRE DE L’OPERA : Ariane, opéra en cinq actes ; paroles du M. Catulle Mondes, musique de M. Massenet. — THEATRE DE L’OPERA-COMIQUE : Les Armaillis, légende lyrique en deux actes ; paroles de MM. Henri Cain et Band-Bovy, musique de M. Gustave Doret. — La Princesse Jaune, opéra-comique en un acte ; paroles de Louis Gallet, musique de M. Saint-Saëns. — Le Bonhomme Jadis, opéra-comique en un acte ; paroles de M. Franc-Nohain, d’après Henri Murger, musique de M. E. Jacques-Dalcroze.


Nous sommes heureux de le déclarer d’abord, voici tout autre chose que ce que depuis trop longtemps on avait, à l’Opéra, l’habitude et l’ennui d’entendre. Sur le théâtre où parurent les Messidor, les Montagne noire, les Astarté et les Fils de l’Étoile, que cette Ariane, malgré ses défauts et ses faiblesses, avec sa poésie, son charme, et même, çà et là, sa grandeur, que cette Ariane soit la bienvenue.

Avec sa poésie, disons-nous, et nous parlons de la poésie de la musique. Celle du poème est bien différente. Nul n’ignore jusqu’où se porte et s’égare, dans les drames de M. Catulle Mendès, l’ardeur d’une rhétorique en délire et la fièvre d’un pathos éperdu.

Le sujet de l’opéra consiste dans l’amoureuse rivalité d’Ariane et de Phèdre, brûlant toutes les deux pour Thésée, l’une, d’une légitime et conjugale, l’autre, d’une incestueuse ardeur. Le premier acte nous fait voir, ou plutôt entendre seulement, derrière la porte du Labyrinthe, le combat du héros contre le Minotaure et sa victoire. Nous assistons ensuite à son embarquement triomphal, avec les jeunes couples par lui sauvés du monstre, avec Ariane, qu’il a prise pour femme, et Phèdre déjà troublée et jalouse.

Le second acte, inutile au drame, fort mal mis en scène et mis à peine en musique, hors-d’œuvre à tous égards, représente la traversée,