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REVUES ÉTRANGÈRES

UN FONCTIONNAIRE ALLEMAND – LE PRINCE CLOVIS DE HOHEN-LOHE-SCHILLINGSFÜRST


Denkwurdigkeiten des Fürsten Chlodwig zu Hohenlohe-SchiUingsfùrst, 2 vol. in-8o, Stuttgart, 1906.


Si les Mémoires du prince Clovis de Hohenlohe avaient été publiés cent ans, cinquante ans après la mort de leur auteur, personne, certainement, n’aurait songé à s’étonner de leur publication. Le défunt chancelier n’est pas le seul homme d’État qui ait eu l’excellente habitude de noter, au jour le jour, le détail des grands événemens politiques où il se trouvait mêlé ; et maints autres, avant lui, l’ont fait plus librement que lui, avec plus de verve frondeuse, ou de mauvaise humeur, ou de finesse psychologique et de pénétration : et cependant, lorsque ont paru leurs mémoires, tout le monde leur a su gré de leur indiscrétion posthume, de la lumière nouvelle projetée par eux sur des hommes et des choses qui, désormais, n’appartenaient plus qu’à l’histoire. Ce qui donne aux Mémoires du prince de Hohenlohe un caractère singulier et exceptionnel, indépendamment de leur intérêt propre, — qui est, d’ailleurs, très vif, et d’une qualité beaucoup plus sérieuse et durable que ne le laisseraient supposer les menues anecdotes reproduites, depuis quinze jours, dans tous les journaux, — c’est que, suivant la volonté expresse de leur auteur, ces mémoires aient été publiés presque au lendemain de sa mort, tandis que bon nombre des personnages qu’il y met en scène continuent de vivre, et que persistent encore les suites directes de bon nombre