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POÉSIES[1]


MIRAGES


Au cours de quelque marche, et dans la traversée
De la foule, et parmi des milliers d’inconnus,
Il s’évoque souvent, au fond de ma pensée
Des traits familiers et du lointain venus.

Et c’est d’entre les morts que cette ressemblance
D’un mirage trompeur poursuit mon souvenir,
Non parmi les plus chers que je sais retenir,
Dans une inséparable et muette présence ;

Mais ceux-là dont la vie a peuplé le chemin,
Rencontres d’une fête, ou de moindre aperçue,
Dont j’ai connu le nom, dont j’ai serré la main,
Triomphans ou portant quelque mine déçue ;

  1. Ces pièces sont tirées d’un volume de vers intitulé : Au bord des Terrasses, qui paraîtra chez l’éditeur Lemerre.