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les deux Chambres, la majorité en faveur de la motion avait été assez considérable.

On a dit plus haut que l’État de l’Australie Occidentale, isolé des autres parties du continent, n’était entré dans la Fédération que sur la promesse du concours du Commonwealth pour la construction d’un chemin de fer. Cette voie doit relier, de Port-Augusta à Kalgoorlie, le réseau ferré de l’Australie méridionale aux « champs d’or » de l’Ouest, qui sont déjà en communication avec Perth, capitale de l’État. Elle est pour le Western Australia d’un intérêt de premier ordre, et d’un certain intérêt pour l’État voisin de South Australia. Mais pour les autres parties de l’Australie, à part la raison contestable de sa valeur stratégique et l’avantage d’obtenir les correspondances d’Europe un jour ou deux plus tôt, le Transcontinental Railway ne représente que l’obligation d’une dépense d’environ cinq millions de livres sterling, de rémunération problématique. Le tracé de ce chemin de fer, d’une longueur d’environ 1 600 kilomètres, se dirige au milieu de terres arides, inhabitées, probablement inutilisables, et l’exploitation, à cause du manque d’eau, s’annonce comme devant être onéreuse. Cette entreprise est donc, dans les États de l’Est, peu en faveur, et tant de bonnes raisons concourant à l’ajournement du projet, celui-ci passa (avec bien d’autres) du programme du premier ministère fédéral à ceux des ministères suivans, comme une simple clause de style.

La patience du gouvernement de Perth commença toutefois à se lasser, après cinq années d’attente ; aussi le moment paraissant venu d’avoir l’air de faire quelque chose pour le cinderella state, le gouvernement fédéral, au début de la session dernière, déposa une demande de crédits pour les études préliminaires à l’exécution de la ligne. Le crédit était faible, mais la question de principe était posée. Le Sénat du Commonwealth rejeta la demande (résultat prévu) ; et c’est ce rejet qui a déterminé la vigoureuse protestation du Parlement de l’Australie Occidentale. Aura-t-elle pour résultat de rappeler le Parlement fédéral au respect des promesses données ? On voudrait l’espérer. Peut-il d’ailleurs admettre qu’un État faisant partie de la Fédération reste dans une situation exceptionnelle d’isolement ? L’Australie Occidentale, malgré ses rapides progrès, ne compte encore que 250 000 habitans, répartis sur une étendue d’un million de milles carrés. Le concours du gouvernement de l’Union lui est donc, en cette