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en 1891, qui a fixé les principes de l’union future entre les six colonies. Mais les crises ouvrières et financières des années suivantes ne permirent pas de donner une suite immédiate à ces projets, et pendant ce temps, leur promoteur disparut de la scène politique. Ils furent repris en 1895 par M. G. H. Reid, qui venait de remplacer au pouvoir sir George Dibbs, successeur de sir Henry Parkes. Le plan de M. Reid était ingénieux. Il se fondait sur le consentement de la nation exprimé par le referendum, et conciliait la nécessité de faire appel dans chaque État au concours des hommes les plus capables avec les égards dus à l’autorité des parlemens locaux. Ce projet fut accueilli avec faveur. Cependant, le particularisme et l’esprit provincial avaient déjà de si profondes racines dans le pays que le succès final semblait plutôt douteux. Sans l’énergie, l’entrain et l’habileté que déploya M. Reid pendant quatre années consécutives, la fédération eût probablement échoué. L’expérience des années suivantes paraît démontrer que l’échec, en ce cas, eût été définitif.

Le programme du chef du gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud fut, malgré diverses vicissitudes, exécuté de point en point. Après l’élection d’une nouvelle Convention, dont les débats ne durèrent pas moins d’une année (février 1897-mars 1898), l’adoption du projet par chaque chambre de chaque parlement colonial, après deux referendums populaires et de nombreuses conférences entre les premiers ministres des futurs États, un texte définitif put être soumis à l’assentiment royal, en novembre 1899.

Cet assentiment se fit attendre, car ce fut seulement le 14 mai 1900 que M. Chamberlain, alors secrétaire d’État pour les Colonies, proposa au Parlement britannique d’approuver l’accord si heureusement mais si difficilement réalisé. Avant d’expliquer les motifs de l’hésitation du gouvernement anglais, il convient d’indiquer quelles étaient les dispositions principales de la nouvelle Constitution. Elle n’a d’ailleurs subi, comme on le verra plus loin, que des modifications insignifiantes jusqu’au jour de sa promulgation solennelle, et n’en a reçu aucune depuis cette date.

Au point de vue de l’organisation intérieure du pays, la Constitution australienne a créé, sous le nom de Gouvernement fédéral, un organe central auquel les six États confédérés, jusqu’alors