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responsabilités dérivant de leur autonomie sont restreints, autant dire annulés, par la tutelle d’influences étrangères, contestée en principe, imposée et dominante en fait.

En dehors de l’ancienne classification, on trouve encore d’autres pays, dont la situation politique, plus stable et mieux définie, est à l’inverse de celle des précédens : émanations et satellites d’une grande puissance, se développant sous son égide, protégés par son drapeau qui est aussi le leur, ils ont les apparences de la sujétion, tandis que, maîtres de leurs affaires intérieures, ils jouissent en réalité d’une indépendance comparable à celle des États souverains. Pour être au même rang, il ne leur manque que le droit d’accepter les responsabilités des conflits qu’ils pourraient avoir avec eux. Ces heureuses contrées sont celles à qui l’Angleterre, après les avoir dotées et équipées, a concédé la permission de se gouverner elles-mêmes. Elles se nomment Terre-Neuve, le Cap, Natal, le Canada, la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Elles couvrent une étendue de 16 millions de kilomètres carrés. Leur population est d’environ 14 millions d’habitans, dont 12 millions de race blanche, en très forte majorité britannique.

Aussi longtemps que les occupans de ces territoires se livrèrent exclusivement aux soins de leur organisation intérieure et de la mise en valeur du sol sur lequel ils étaient établis, les phases de leur vie nationale n’eurent que l’intérêt d’une expérience de colonisation. Il n’en est plus ainsi depuis qu’en certaines parties du monde, ils se sont avisés de s’unir entre eux, de mettre en commun des intérêts considérables, et par cela même ont créé des aspirations nationales dans des contrées où jusqu’alors n’existaient que des besoins purement locaux. Le mouvement fédératif qui, de 1867 à 1873, a produit le Dominion of Canada, qui s’est affirmé en 1900, donnant naissance au Commonwealth of Australia, et résoudra peut-être, par la même formule, le délicat problème de l’union des possessions anglaises Sud-Africaines, est devenu un facteur politique intéressant toutes les puissances civilisées.

Absorbés par les incidens des affaires européennes, et surtout par nos stériles querelles intérieures, nous ne prêtons pas une attention suffisante à la question des rapports de la Grande-Bretagne avec ses dépendances d’outre-mer. Il en est peu cependant, étant donnée la direction où nous avons engagé notre