au total, que des propositions, comme le ministre lui-même : ils sont à deux de jeu devant le Parlement qui les juge, et la Chambre actuelle a fait à M. Poincaré, lorsqu’il lui a exposé au mois de juillet tout son plan financier, un accueil des plus favorables. Elle l’a couvert d’applaudissemens. Peut-être n’aurait-elle pas persévéré dans ces dispositions ; mais l’épreuve valait la peine d’être tentée. Pourquoi M. Poincaré ne l’a-t-il pas fait ? Ce qui s’est passé depuis permet de croire qu’il ne comptait pas assez sur le concours de M. Clemenceau pour risquer la partie. M. Clemenceau était pleinement d’accord avec lui, soit ! Il faut bien le croire puisqu’ils le disent l’un et l’autre. Mais il a mis finalement aux Finances un ministre qui a pris aussitôt le contre-pied de son prédécesseur.
Nous aimons à croire qu’il n’en sera pas de même pour nos Affaires étrangères, et que le changement de personne, qui vient d’avoir lieu au quai d’Orsay, n’aura pas des conséquences aussi graves. Il y a là des traditions mieux établies. Est-ce pourtant à cause de sa santé seule que M. Bourgeois a donné sa démission et a refusé de la reprendre ? Il est de notoriété publique que, pendant tout le ministère Sarrien, si M. Bourgeois et M. Clemenceau se sont toujours bien entendus sur les questions de politique générale, ils ont toujours été en conflit sur les questions de personnes. Et ce n’est pas M. Bourgeois qui faisait de l’opposition à M. Clemenceau lorsque celui-ci voulait nommer un préfet, mais bien M. Clemenceau qui en faisait à M. Bourgeois lorsqu’il voulait nommer un ambassadeur. M. Bourgeois n’est pas un homme de lutte. Il s’est lassé de rencontrer toujours devant lui le veto de son collègue. Il a pensé que M. Clemenceau ne changerait pas de manière en devenant président du Conseil. Aussi, après avoir une dernière fois supputé ses forces, interrogé sa santé, consulté son médecin, a-t-il reconnu décidément qu’il avait besoin de se soigner. Mais il a donné à M. Clemenceau la sincère assurance qu’il mettrait toute son influence à sa disposition en dehors du ministère, et même, s’il en avait besoin, tout son concours pour l’aider à le composer. On ne dit pas que, du moins pour ce dernier objet, M. Clemenceau ait fait appel à sa bonne volonté. Il a craint peut-être que si, sur sa prière, M. Bourgeois pressait un autre homme politique d’entrer dans le cabinet, celui-ci ne lui demandât pourquoi il en sortait, et que son exemple ne fût plus fort que son conseil.
Un autre ministre a donné sa démission, mais dans des conditions différentes : c’est M. Etienne. M. Clemenceau ne lui a pas demandé de