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POÉSIES

GÉORGIQUES



L’HÉRITAGE


Je ne sais quel Ancêtre, agreste autant que sage,
Et si bon que, partout, les bêtes, à l’envi,
Comme un tendre pasteur autrefois l’ont suivi,
M’a légué sa douceur et transmis son visage.

Mais les bœufs, les chevaux que je flatte au passage,
Tels que ceux-là par qui longtemps il fut servi,
Pour mon regard naïf et jamais assouvi
Transfigurent encor le moindre paysage.

C’est pourquoi, délaissant le soc lourd de l’Aïeul,
J’ai tenté, dans la paix sereine où je vis seul,
D’exalter la vertu des labeurs énergiques ;

Et c’est aussi pourquoi, fièrement résolu,
Les yeux pleins d’horizons limpides, j’ai voulu
Donner à mon pays ces humbles Géorgiques.


CHIMÈRES


Le pollen d’or des lis d’ivoire embaume l’air.
Mon tilleul vénéré berce dans l’azur clair
Ses fleurs de miel où pend une rumeur ailée.
En extase dans la pénombre d’une allée,