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À certaines périodes, j’ai noté ainsi, pendant assez longtemps, toutes mes impressions d’apparence télépathique. En voyage notamment, j’ai bien des fois vu un de mes enfans malade, un accident… Jamais l’événement pressenti n’a eu lieu. Une seule fois, j’ai été éveillé brusquement à l’heure où mourait une de mes parentes : mais j’aimais beaucoup cette parente qui m’avait élevé, elle était très âgée, et j’avais passé auprès d’elle toute la soirée précédente, la sachant très malade. Quelle importance attacher à une coïncidence aussi simple ?

À cela on peut répondre que je ne suis pas médium. Rien de plus juste. Qu’on organise donc une vaste observation de ce genre avec des médiums. Qu’on nous donne un grand nombre de faits, négatifs et positifs, avec la même personne. Alors nous jugerons. Tant que ce travail n’est pas fait, je dis que l’existence de la télépathie et de la prémonition n’est pas encore scientifiquement démontrée.

Il faut surtout se garder, dans ces questions, de raisonner par analogie et de dire par exemple que la télégraphie sans fil prouve la télépathie. Pas le moins du monde. La télégraphie sans fil prouve (ce que l’on savait avant) que la télépathie n’est pas impossible. Mais cela ne prouve nullement qu’elle soit réelle.


Apports lointains. — Après les phénomènes de sensation, voici les phénomènes de mouvement à grande distance : ce sont les apports de fleurs, de fruits, de lettres ou d’autres objets venant de loin. J’ai déjà parlé du « médium aux fleurs, » Anna Rothe et de ses infortunes. Un an après la mort d’Anna Rothe, le médium Henri Melzer, de Dresde a renouvelé ces expériences à Leipzig. L’Écho du merveilleux réédite, d’après le Lotus rouge, des expériences du même genre de Mac Nab, le frère du chansonnier[1]. Le docteur Ferroul avait constaté des faits du même ordre avec le médium dont je reparlerai à propos de la clairvoyance…

En général, il semble que, dans toutes ces expériences, le contrôle soit très incomplètement organisé ou révèle des fraudes quand on le perfectionne. M. César de Vesme, à la fin d’une étude critique très complète (1905) des expériences de Bailey, pense qu’il faut « une mentalité toute spéciale, un désir aveu-

  1. On trouvera aussi le récit des expériences de Donald Mac Nab (1888) dans le livre d’Albert de Rochas dont je reparlerai.