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ces sujets. Et ceci est d’autant plus nécessaire que trop souvent on généraliserait hâtivement et, de ce que beaucoup de phénomènes, autrefois occultes, sont aujourd’hui définitivement admis par la science positive, on conclurait volontiers au caractère également scientifique de tous les autres phénomènes occultes, comme les matérialisations ou la télépathie.

Le docteur Surbled rappelle avec à-propos ce mot d’un mage : « L’hypnotisme nous sert de coin ; nous passerons tous derrière Charcot. » Non. C’est là une erreur ! N’entre pas dans la science qui veut. Le jour où un groupe nouveau de phénomènes occultes aura été analysé et fixé comme l’hypnotisme l’a été par Charcot et par le professeur Bernheim, l’occultisme perdra un chapitre, et la science positive en gagnera un. Mais ce travail de contrôle doit être fait, non en bloc pour tous les phénomènes occultes, mais en détail et successivement pour chaque groupe. Ni les travaux de Charcot sur l’hypnotisme, ni ceux du professeur Pierre Janet sur les tables tournantes, ne justifient certaines affirmations des occultistes contemporains qui ont un retentissement considérable sur le grand public, comme en témoigne le récent jugement de Saint-Quentin, sur lequel je reviendrai.

Rien de plus utile donc que la délimitation précise du champ actuel de l’occultisme. Car la base de toute science vraie est la connaissance des limites exactes de son domaine acquis, des terres inconnues à découvrir au-delà, et de la méthode avec laquelle chacun doit s’efforcer de reculer ces limites et de « désocculter l’occulte. »


Avant de laisser ces généralités et pour préciser encore la définition donnée plus haut de l’occultisme, il faut insister sur ce qu’il n’est pas et faire quelques distinctions nécessaires.

Il est tout d’abord indispensable et facile de montrer en quoi le sens que j’adopte pour le mot occultisme est différent de celui que lui donne Papus (le docteur Encausse) dans son Traité élémentaire de science occulte. Pour cet auteur et ceux qui pensent comme lui, l’occultisme, « partout identique dans ses principes, » est « un code d’instruction » qui « constitue la science traditionnelle des mages. » C’est « une tradition de très haute antiquité dont les théories n’ont pas varié, dans leur base essentielle, depuis plus de trente siècles. » Mais quand on s’efforce de discuter les titres d’une de nos connaissances à