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remercierons surtout d’avoir écrit cette Introduction. Ce sont des Introductions de ce genre, de ce caractère littéraire, de cette ampleur et de cet intérêt, qui font défaut dans la plupart des publications de la Société des Anciens Textes français. Et ce qu’il y a de plus fâcheux, c’est que la plupart du temps les auteurs de ces publications, si leurs Introductions n’égalaient pas toujours en intérêt celle de M. Bédier, pourraient du moins en écrire de fort intéressantes. Mais ils affectent de le dédaigner. On dirait qu’ils sont jaloux de l’objet de leurs études, et que la littérature française du moyen âge n’aurait plus le moindre attrait pour eux, s’ils n’en hérissaient les approches de leurs fortifications grammaticales, philologiques et pédantesques. C’est assurément pourquoi, d’une manière générale, dans le grand public, la littérature du moyen âge est encore si mal connue. Oserai-je même dire que si nos médiévistes, ou du moins quelques-uns d’entre eux la connaissent admirablement, c’est en elle-même et non pas, comme nous le voudrions pour notre instruction, dans ses rapports avec la littérature générale ? Là, pourtant, comme l’a fait observer depuis longtemps. Gaston Paris, là est le grand intérêt qu’elle présente, dans la perpétuelle comparaison qu’elle exige avec les littératures étrangères, si, manquant encore d’art dans la forme, c’est, donc le fond surtout qui en importe. M. Bédier est de l’école de Gaston Paris. Et persuadé, que nous ne saurions lui être plus agréable qu’en terminant ainsi cet article, nous dirons que Gaston Paris eût certes discuté, mais il eût approuvé hautement cette Introduction.


F. BRUNETIÈRE.