Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 35.djvu/957

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

décembre 1907, il l’était dans l’intérêt des communes dont il est le tuteur, et qui sont appelées à recueillir éventuellement après ce délai des biens tombés en déshérence. Pourtant M. le ministre des Cultes s’est abstenu ; il n’a fait aucun mouvement ; il s’est contenté d’une publication à l’Officiel. Pourquoi ?

Si c’est seulement pour effrayer le Vatican sur les conséquences de son attitude, et lui montrer qu’à défaut d’associations autorisées par lui, les biens ecclésiastiques seront attribués à d’autres, il fait fausse route. Le Vatican ne peut tirer qu’une conclusion de ces incidens de Culey et de Puymasson. C’est que les faits justifient ses défiances, soit contre l’insuffisance de l’article 4, soit contre la mauvaise foi du gouvernement ; — et l’Osservatore romano n’a pas manqué de le remarquer. Il est fâcheux qu’on lui en ait fourni le prétexte. Si le ministère désire sincèrement que l’application de la loi devienne possible, comment n’a-t-il pas vu dans les incidens de Culey et de Puymasson une occasion excellente de montrer que les inquiétudes de Rome ne sont pas fondées ? La discussion de la loi a pu inspirer des craintes au Saint-Siège sur les arrière-pensées de certains orateurs, qui semblaient enclins à préparer et à favoriser des schismes. S’il ne partage pas leurs vues, — et nous sommes porté à le croire, — l’intervention du gouvernement auprès du Conseil d’État en aurait fourni la preuve éclatante. Peut-être a-t-il craint qu’elle ne le fût trop ! Quant à l’arrêt du Conseil d’État, pouvait-il être douteux ? La non-conformité des associations de Culey et de Puymasson à l’article 4 de la loi est évidente. Leur dossier contient peut-être toutes les autres pièces exigées par la loi : il y en a toujours une qui fait défaut, celle dont nous parlions plus haut et qui atteste ou devrait attester qu’elles sont conformes aux règles générales du culte dont elles se proposent d’assurer l’exercice. Ces associations sont d’accord avec un curé ; soit ! mais ce curé l’est-il lui-même avec l’évêque ? Non. Dès lors, l’arrêt est écrit d’avance. Le gouvernement pouvait donc, s’il l’avait voulu, apporter, dans le débat qui se poursuit devant l’opinion, la démonstration manifeste qu’il ne mérite pas, et que le Conseil d’État ne mérite pas plus que lui les soupçons qu’on entretient contre eux. Malheureusement, il ne l’a pas voulu.

Mais que veut-il ? A dire vrai, il ne semble pas le bien savoir. Le langage de ses membres est contradictoire, comme celui de la presse qui le soutient, La note officielle, celle qui reparaît dans les journaux les lendemains de Conseil des ministres, est que la loi sera appliquée intégralement, et nous voudrions en somme qu’il en fût