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répond qu’il n’a pas dépendu de lui d’éloigner d’elle ce calice, « Ce n’est pas moi, dit-il, qui ai condamné la loi, c’est le Christ. » Et un peu plus loin : « La Providence décidera de l’avenir et fixera les conséquences humaines d’une résolution prise suivant la volonté de Dieu. J’attends que la Providence manifeste son dessein. » A cela il n’y a rien à répondre, sinon que le Pape place sa confiance très haut. Les catholiques doivent se conformer à sa volonté, et suivre docilement ses instructions : toutefois, il ne leur est pas interdit d’user de tous les moyens humains à leur disposition pour détourner, s’il est possible, les dangers immédiats dont ils se sentent menacés. Ceux qui appartiennent au monde politique n’ont pas le moindre doute sur l’impossibilité radicale d’obtenir, en ce moment, que la loi soit modifiée dans un sens favorable aux désirs du Saint-Père. Il y a dans le Parlement une intransigeance qui défie toutes les autres, et ne pliera pas davantage. On aura beau dire que l’amendement à voter est peu de chose, qu’une courte phrase, que quelques mots en rempliraient l’objet ; on n’obtiendra rien de tel, et il faudrait ne pas connaître nos Chambres actuelles pour concevoir une espérance contraire. De deux choses l’une : ou la loi restera ce qu’elle est, ou elle sera aggravée. Nous choisissons naturellement le premier terme de l’alternative ; nous demandons que la loi reste ce qu’elle est, mais qu’elle soit du moins appliquée dans son esprit et dans sa lettre, et c’est ce que demandent avec nous des catholiques particulièrement qualifiés, comme M. Denys Cochin. M. Cochin a annoncé que, dès la rentrée de la Chambre, il interpellerait le ministre des Cultes sur l’application de la loi. Il ne sera pas le seul. D’autres interpellateurs s’apprêtent aussi à porter la question à la tribune et à la traiter dans les sens les plus divers. Nous saurons — peut-être — alors à quoi nous en tenir sur les résolutions du ministère : pour le moment, nous n’en savons rien du tout.

Le Journal officiel du 25 septembre a annoncé que les biens des fabriques de Culey et de Puymasson avaient été attribués aux associations cultuelles de ces localités, « publication faite, dit-il, en exécution de l’article 4 du décret du 16 mars 1906, et sous réserve du recours prévu par l’article 15 de ce décret. » Rien de plus : on ne sait donc pas ce que le ministre pense de la légalité d’un pareil acte. La publication au Journal officiel donne à croire qu’il ne la conteste pas : peut-être aussi a-t-il voulu par là donner à qui de droit l’occasion de le faire. Malheureusement il n’y a pas et il n’y aura pas d’associations cultuelles catholiques pour remplir cet office. Tant pis, pense sans