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REVUES ÉTRANGÈRES

UN ANGLAIS À PARIS EN 1802


France in 1802, described in a series of Letters, par H. R. Yorke, nouvelle édition publiée par lady Sykes, 1 vol., Londres, 1906.


Henri Yorke, l’auteur des curieuses Lettres de France que lady Sykes vient de découvrir et de rééditer, était lui-même un personnage curieux, et dont la biographie, si quelqu’un avait le loisir de la reconstituer, nous offrirait à la fois la portée d’un document historique et tout l’attrait d’un roman d’aventures. Il s’appelait, de son vrai nom, Henri Redhead. Né aux Indes, en 1772, mais amené de très bonne heure en Angleterre, il avait écrit, à dix-huit ans, un pamphlet contre l’émancipation des noirs dans les colonies. Mais le pamphlet avait à peine paru que, déjà, son auteur en désavouait la doctrine : car les premières nouvelles des événemens de France avaient suffi pour changer le fougueux réactionnaire en un révolutionnaire plus fougueux encore. Et bientôt, à l’exemple d’un grand nombre de jeunes Anglais, Redhead était accouru à Paris, pour suivre de plus près les péripéties de la saisissante expérience politique qui s’y accomplissait. Il avait fréquenté la Convention et les Jacobins, s’était lié avec les Irlandais John et Robert Sheares, et était devenu, avec eux, l’un des chefs de ce Club Anglais qui, entre autres questions, débattait celle de savoir si le moment n’était-pas arrivé de « délivrer l’Angleterre, » en assassinant le roi George III. Puis, vers la fin de 1793, s’étant querellé avec les Sheares, et ayant été dénoncé à la Convention comme un « agent de l’étranger, » il s’était enfui, avait séjourné en