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dette fût acquittée par les Trinitaires espagnols, à leur prochain voyage à Alger. Là-dessus les religieux et leurs compatriotes, prenant fait et cause pour le P. Gionola, s’indignèrent et refuseront de céder.

La querelle s’envenima encore par un conflit de juridiction. Le vicaire apostolique revendiquait la juridiction sur les Trinitaires célébrant la messe dans les chapelles des bagnes et le contrôle sur la gestion de l’hôpital d’Alger. Les Trinitaires, de leur côté, se refusaient énergiquement à cette prétention, qu’ils considéraient comme une usurpation sur leurs privilèges. N’avaient-ils pas été, depuis des siècles, les administrateurs de cette maison hospitalière fondée par l’un d’eux ?

Mais ce qui est étrange, c’est que ces religieux, malgré leur vœu d’obéissance, sollicitèrent l’appui du consul d’Angleterre, nation hérétique, pour défendre leurs droits contre le vicaire apostolique français et contre le Pape même ! Ils suscitèrent au P. Laurence toutes sortes de difficultés. « Les Trinitaires espagnols, écrivait-il à Pontchartrain, voudraient par leurs avanies me forcer à quitter Alger et réunir le vicariat à l’administration de l’hôpital. Et cela serait funeste aux intérêts des esclaves français toujours nombreux ici et qui dépendraient du consul anglais[1]. »

À cette même date, le consul de France, René Lemaire, informait le ministre de la Marine que les Trinitaires espagnols, administrateurs de l’hôpital, ont obtenu du dey un passeport pour faire une rédemption qui doit venir sur un vaisseau anglais. Elle arriva en effet le 21 mars, mais le chef des rédempteurs espagnols refusa d’acquitter la dette de Gianol. Le P. Laurence eut beau exhiber l’ordre du Saint-Siège, les frères espagnols arguèrent de faux la lettre apostolique et subordonnèrent l’autorité du Pape à celle du Divan. Le vicaire lazariste, de plus en plus inquiet, et ne pouvant opposer à l’autorité du consul d’Angleterre celle de notre consul, alors en disgrâce auprès du dey, écrit derechef une lettre pressante au ministre de la Marine, en le priant d’agir directement sur la puissance d’Alger. Le 27 septembre, sur le refus du nouvel administrateur de l’hôpital, un Trinitaire espagnol, le Pape écrit une lettre personnelle au dey, l’assurant que la dette en question incombe à la

  1. Lettre du 15 février 1691.