gouvernement français. Il n’y avait pas là seulement un motif d’humanité ou de religion, mais un intérêt grave pour notre marine, tant marchande que militaire ; en effet, les deux tiers des esclaves étaient capitaines, patrons débarque, pilotes ou matelots, et notre marine, alors, n’avait pas trop de toutes ses forces, pour lutter contre les marines rivales d’Espagne ou des Pays-Bas.
Quelques articles, choisis dans les instructions données au capitaine Marcel, mettront en pleine lumière l’objet poursuivi dans ces rachats.
« ARTICLE PREMIER. — Il commencera par redemander en échange de ces bâtimens les 112 Français, qui étaient sur les bâtimens retenus dans le port d’Alger, lors de la déclaration de guerre ; plus 24 esclaves.
ART. 3. — Il travaillera ensuite au rachat des esclaves qui resteront, à quoi Sa Majesté lui a permis d’employer la valeur estimée des bâtimens et effets retenus dans ledit port. Et comme ils se monteront à une somme considérable, que les Pères de la Mercy, qui s’embarqueront avec lui, porteront près de 90 000 livres et qu’ils seront suivis par les Mathurins, Sa Majesté espère qu’il ramènera un grand nombre de ses sujets, et au moins tous les matelots.
ART. 8. — Le sieur Marcel aura une application particulière à rechercher les petits garçons, qui servaient de mousses sur les bâtimens pris, que les Turcs cachent avec soin dans le dessein de les engager dans la suite à renier et de renvoyer à bord les esclaves, aussitôt qu’ils auront été rachetés, pour éviter toute sortes d’inconvéniens.
ART. 9. — Il demandera la liberté des 26 Français et 25 filles ou femmes de la religion prétendue réformée, qui ont été pris dans la Manche, en 1687, sur des bâtimens hollandais, étant sortis du Royaume pour passer en Angleterre, aux termes de l’article 12 du traité de 1684. »
On voit, par une lettre du capitaine Marcel au ministre, du 14 février 1690, que le consul d’Angleterre, de son côté, avait racheté ces captifs des deniers de l’aumône, et comme ces infortunés ne se souciaient pas de retourner en France sous le régime des dragonnades, ils avaient prié ce dernier d’obtenir du dey le permis d’embarquement sur un navire britannique. Mais, chose triste à dire, sur un veto de l’envoyé français, qui les revendiquait comme appartenant au Roi, quelle que fût leur religion,