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l’empereur de France « qui seraient conduits à Alger et autres ports dudit royaume, et ils ne pourraient pas être retenus en esclavage, même au cas que les vaisseaux de Tripoli et de Tunis ou autres lieux, en guerre avec l’empereur de France, missent à terre des esclaves français. Ceux-ci devaient être rachetés au meilleur prix possible. D’après l’article XII, les étrangers, passagers trouvés sur des vaisseaux de France, ni pareillement les Français pris sur des vaisseaux étrangers ne pourraient être faits esclaves, sous quelque prétexte que ce fût. »

Quand la paix fut conclue (25 avril 1684), ce furent les consuls de France à Alger et à Tunis, qui furent chargés par le Roi, de concert avec les religieux rédempteurs, de s’employer au rachat des captifs. Ce fut dès lors considéré comme une affaire d’État. L’exercice du consulat d’Alger, d’abord confié à des Lazaristes (1646-1653)[1], ayant soulevé de graves objections de la part de la congrégation de la Propagande, qui considérait leurs fonctions commerciales comme incompatibles avec les obligations d’un religieux, il fut attribué à des laïques.

Le premier de ces consuls, André Piolle, nommé à Alger le 9 février 1685, fait allusion aux grandes ressources dont les Lazaristes, ses prédécesseurs, avaient disposé pour cet objet et qui lui faisaient défaut.

« Ce sont, écrit-il à Seignelay, ministre de la Marine, le 11 octobre de cette année, les coutumes que les Pères de la Mission ont établies dans ce pays lorsqu’ils ont occupé le consulat. Encore en donnaient-ils bien davantage pour se faire des amis à la Puissance. Ces missionnaires le pouvaient faire : ils ont seize mille livres et tant de pension de trois personnes de Paris pour le rachat des pauvres esclaves[2]. »

Il ressort du traité dont nous venons de parler, de celui conclu par le capitaine Marcel avec le dey d’Alger (19 septembre 1687), de celui conclu avec le bey de Tripoli (1693) et des instructions données à Denis Du Sault, gouverneur du Bastion de France, pour obtenir l’exécution complète de ces traités, que cette rédemption fut la grosse préoccupation du

  1. Voyez, dans l’article de la Revue des Deux Mondes du 15 août 1896, ce que nous avons dit de MM. Jean Bureau, Dubourdieu et des frères Levacher.
  2. Il s’agit de deux caravelles algériennes, qui avaient été prises par les vaisseaux du Roi. Il ne fallut pas moins de 2 missions extraordinaires et de 3 ans et demi pour obtenir l’exécution complète du traité Marcel. (Voyez la lettre de Du Sault au ministre, 27 mai 1693.)