fourniront pas moins de trois mille cent soixante et dix-sept livres pour cette œuvre. C’étaient des capitaines de la marine marchande ou des négocians qui, à certaines occasions, prenaient les fonds et se rendaient en Barbarie, « avec un ordre du Roy, » pour opérer le rachat[1]. Après la révocation de l’Edit de Nantes, ce furent les protestans, réfugiés en Angleterre et aux Pays-Bas, qui continuèrent à s’occuper des captifs en Barbarie, et en outre, hélas ! de leurs coreligionnaires condamnés aux galères du roi de France.
La même sollicitude pour les captifs, qui avait inspiré tes fondateurs des ordres religieux, anima aussi un grand nombre de princes français au XVIe et au XVIIe siècle. C’est ainsi qu’Antoine de Bourbon, roi de Navarre, dans le traité qu’il conclut en 1559 avec Moulay-Abdallah et Gatib, sultan du Maroc, et dont le bénéfice devait s’appliquer, non seulement à ses sujets, mais à ceux du roi de France surtout, avait fait insérer l’article suivant :
« Tous les Français, qui dépendent du Prince des croyans, pourront être rachetés, moyennant une rançon de 91 onces lourdes par tête… Cependant, on ne peut empêcher personne d’avoir un esclave français dans toute l’étendue du pays. Lorsque des Français amènent des captifs de Castille ou de Portugal, notre maistre leur donnera en échange des captifs français[2]. »
Au XVIIe siècle, lorsque Colbert eut organisé notre marine de guerre, ce furent des chefs d’escadre, comme Duquesne ou Tourville, qui prirent charge d’exiger par la force la libération des captifs. Après la démonstration navale faite par l’escadre française devant Alger, le chevalier de Tourville, dans le traité conclu au nom de Louis XIV avec les « Pacha, Dey, divan et milice d’Alger, » fit insérer des clauses nombreuses en faveur des captifs. L’article IV stipulait l’échange « des Français détenus esclaves dans le royaume d’Alger et de ceux de la milice dudit royaume qui sont sur les galères de France. » L’article VIII accordait la liberté immédiate à tous les Français, pris par les ennemis de