dans les capitulations de la France avec la Sublime Porte ; l’article 10 stipulait la mise en liberté de tous les captifs des deux États et défendait aux corsaires turcs de faire prise sur les marchandises ou les personnes de la nation française. On sait, par l’histoire générale, combien les descentes de la flotte turque sur les côtes de Calabre firent une utile diversion à l’invasion de Charles-Quint en Provence.
Ce ne fut pas seulement l’intérêt politique, mais le commerce français qui profita de ce premier traité d’alliance franco-algérien. Les marchands et marins de Provence fréquentaient depuis longtemps sur la côte opposée d’Afrique, soit pour la pêche du corail, soit pour le commerce des cuirs et laines. Par ce traité, la France obtint une première concession en Afrique. Deux marchands de Marseille, Thomas Linché (un Corse, nommé le Lincio) et Carlin Didier s’étaient associés pour la pêche du corail dans le golfe de Stora. Forts du consentement de la Porte, ils traitèrent avec les cheiks maures du pays et établirent le Bastion de France, qui a joué plus tard un rôle important dans nos relations avec Alger[1]. C’était une maison ou magasin, qui servait de dépôt au corail ou aux marchandises de trafic ; il était entouré de murailles et de fossés, qui pouvaient les mettre à l’abri d’un coup de main ; un chenal de 7 à 800 mètres menait à l’étang du Bastion, qui servait de refuge aux bateaux corailleurs.
Un peu plus à l’Est, l’établissement des Génois à l’île de Tabarka gênait beaucoup les entreprises des Marseillais. A la faveur de la mort d’André Doria, la Compagnie française d’Afrique y prit pied et cela devint la concession du Cap Nègre (1604), qui leur servit pour le commerce des grains, des laines, des cuirs et de la cire. On y pêchait aussi le corail. Ce comptoir ne fut supprimé qu’en 1814, sans que jamais d’ailleurs la France eût renoncé à ses droits.
Tels furent les premiers bénéfices que la France retira de l’alliance franco-algérienne conclue par François Ier. Mais cent ans après, à l’époque où la puissance de la Porte Ottomane commença à décliner, le naturel des corsaires barbaresques reprit le dessus et, oublieux des anciens traités, ils se mirent à courir
- ↑ Ce poste se trouvait à 6 ou 8 kilomètres à l’est de la Calle, entre Guerra et Mela et le cap Mzera. Voyez le Guide Joanne, en Algérie, route d’Alger à Philippeville.