Dans la région du boulevard de la Chapelle, ces grandes carrières antiques, déjà mentionnées, se continuaient de plus de 10 mètres au-dessous des niveaux ordinairement exploités et allaient chercher, en pleine masse du terrain de Saint-Ouen, des bancs d’un gypse saccharoïde tout pareil à celui d’Argenteuil et propre aux mêmes applications.
Cette découverte suffirait pour montrer combien sont artificielles et précaires les divisions qu’on est obligé d’admettre, pour se reconnaître dans les descriptions, entre les terrains successifs. En réalité, les sédimens se sont accumulés les uns sur les autres depuis l’origine, sans qu’il se soit jamais produit d’interruption dans le processus de leur formation. Seulement, en chaque point, des incidens locaux sont venus marquer de leur empreinte les résultats réalisés.
Pour ce qui est du gypse, sa présence dans le terrain entièrement lacustre de Saint-Ouen pourrait être regardée comme contrariant singulièrement la théorie lagunaire exposée tout à l’heure, et l’on aura sans doute quelque peine à expliquer avec elle comment aucun vestige saumâtre n’est venu se mêler aux contributions lacustres dans l’épais ensemble de couches du boulevard de la Chapelle. En tous cas, il invite les théoriciens à la prudence, et nous ne pouvions manquer de noter que cet avertissement leur vient avec une force nouvelle à la suite des récentes observations dont le sol de Paris a été le théâtre, au cours des travaux du réseau métropolitain.
Du reste, la formation de Saint-Ouen a livré aux ingénieurs bien d’autres faits remarquables, et dans le nombre, il convient de signaler les ménilites. Leur nom dérive de celui de Ménilmontant, où on les observa pour la première fois. Bien que rien ne les désigne pour en faire des objets de parure, leur composition est rigoureusement celle des opales. Elles se présentent, au sein de marnes, en masses tuberculeuses, en rognons, avec une écorce grisâtre qui contraste avec la nuance tantôt bleuâtre, tantôt café au lait, de leurs parties intérieures. Quant à leur structure, elle reproduit, avec une précision qui s’étend aux détails les plus microscopiques, la structure de la marne enveloppante : elles sont donc des pseudomorphoses de ces marnes.
Il ressort de là que les ménilites ont pris naissance au sein de roches préexistantes, grâce à la concentration progressive et sans doute extrêmement lente, autour de certains points