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propre corps, sont en voie perpétuelle de remplacement.

Toute cette histoire de la surface du sol de Paris à l’époque où se formait la pierre à plâtre est complétée, de la plus heureuse façon, par l’examen des débris organisés arrachés par les travaux aux couches gypseuses. Et il est d’autant plus impossible de ne pas faire au moins une allusion aux fossiles du gypse que c’est de leur étude que Cuvier a su faire sortir la paléontologie tout entière. Les échantillons qu’il a étudiés sont soigneusement conservés au Muséum, et on vient de consacrer, par une plaque de marbre scellée dans le mur de l’une des rues les plus escarpées de Montmartre, le souvenir de l’origine entièrement parisienne de la science des fossiles.

Les débris organiques renfermés dans les couches de gypse sont très variés, depuis les os de mammifères, comme le palæotherium, jusqu’à ceux des poissons et aux coquilles des mollusques. Leur étude confirme la notion, rappelée déjà, de la condition lagunaire du pays aux temps gypseux, car certains de ces êtres sont terrestres, tandis que d’autres sont lacustres et que d’autres encore sont marins ou saumâtres.


IV

En maints endroits, depuis le quartier de Courcelles jusqu’à Ménilmontant et au-delà, le terrain de gypse, attaqué par les travaux du chemin de fer, repose sur des masses bien différentes et connues depuis longtemps sous le nom de travertin de Saint-Ouen.

Dans la plupart des localités, c’est une formation remarquable tout d’abord par son contraste avec la précédente, car on n’y voit que des couches dont l’origine est franchement lacustre, avec des fossiles qui rappellent les habitans de nos étangs : lymnées, planorbes et autres. Nulle part ne se retrouvent, comme dans le gypse, ces intercalations si curieuses de bancs saumâtres et pendant bion longtemps on a pensé qu’il n’y avait aucun trait commun de formation entre les deux étages superposés.

Cependant, le Métropolitain vient nous mettre sous les yeux des faits déjà aperçus de-ci de-là, mais pourvus cette fois d’une ampleur inusitée, et d’où ressort le fait d’une continuité parfaite entre les couches de Saint-Ouen et celles du terrain de pierre à plâtre.