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des galeries retrouvées au Sud de Paris le long du boulevard Saint-Jacques, mais qui sont percées dans le calcaire grossier ou pierre à bâtir et se rattachent directement au réseau des catacombes.

A quelle époque remontent les débuts de ces ouvrages ? C’est ce qu’il n’est pas facile de préciser ; on sait seulement que beaucoup d’entre eux se sont continués jusqu’au XVIIIe siècle et même jusqu’au commencement du XIXe siècle.

A côté des vieux travaux d’exploitation minérale, les tracés du chemin de fer métropolitain ont rencontré des remblais destinés à faire disparaître des inégalités du terrain et à favoriser ainsi l’extension progressive de la cité.

Par exemple, place de la République, et dans les régions circonvoisines, on rencontre immédiatement sous le pavé, et avec plusieurs mètres d’épaisseur, les remblais dont furent comblés les fossés qui bordaient la ville au temps de Charles V, tout le long du boulevard Saint-Martin. L’ancienneté de ces travaux est, comme on voit, tout à fait relative et, au point de vue géologique, on serait porté à croire qu’elle ne compte pas. Cependant, elle suffit pour que des phénomènes chimiques aient réalisé la production d’effets variés et spécialement la genèse de minéraux bien imprévus.

Les eaux infiltrées dans la terre, chargée des impuretés résiduelles de la surface, sont venues agir, lentement mais sans relâche, sur la substance des remblais : ceux-ci étaient surtout composés de débris de vieux plâtras provenant des démolitions. On sait que le plâtre est du sulfate de chaux, c’est-à-dire une matière contenant du soufre. Sous l’influence des corps organiques en dissolution ou en suspension dans les suintemens aqueux, vraisemblablement sous l’action de microbes multipliés dans ce milieu fétide, les plâtras se sont décomposés et ils ont donné naissance à des corps sulfurés très divers, reconnaissables à l’odeur de bain de Barèges qui s’en dégage. En même temps, et ceci est encore plus remarquable, ils ont mis en liberté une notable quantité de soufre parfaitement pur, qui a cristallisé de toutes parts et qui brillait comme du diamant aux lueurs des lampes des ouvriers.

Ces plâtras, dont l’accumulation s’étend sur une vaste surface et jusque dans la rue Meslay, sont si sulfurifères qu’ils rappellent les tufs de la solfatare de Pouzzoles.