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Brongniart ; et c’est à Paris enfin que fut formulée, par Constant Prévost, la doctrine féconde entre toutes, dite des causes actuelles.

C’est plus qu’il n’en faut pour montrer que la région de Paris se signale à l’attention des curieux de la philosophie naturelle par des titres aussi sérieux que variés, et la remarque doit rendre tout spécialement dignes de considération les études dont sa constitution géologique peut être l’objet.


I

Avant tout, les travaux du Métropolitain témoignent de l’activité extrême avec laquelle nos pères ont remanié le sol de Paris. Il n’y a guère de points de la surface qui ne soit complètement fouillé, creusé et remblayé et parfois sur une échelle considérable.

Tout l’ancien Paris est sorti des catacombes à l’état de moellons et de pierres de taille ; les parcs de Montsouris et des Buttes-Chaumont sont de vieilles carrières qu’on a eu la bonne idée de transformer en élégans jardins, au lieu de les combler pour y construire des maisons. Enfin les quartiers les plus corrects sont établis sur des points naguère bouleversés par les exploitations et où toute la surface du terrain a été artificiellement rapportée.

Grâce au Métropolitain, on peut admirer l’ampleur avec laquelle la pierre à plâtre a été extraite tout le long des boulevards extérieurs du Nord de Paris. Sur les boulevards Rochechouart, Barbes et de la Chapelle, jusqu’à la place de la Nation, le tracé de la voie ferrée a traversé les vestiges de carrières dont les dimensions sont parfois énormes. Par exemple, sous le boulevard de la Chapelle, c’est sur une longueur de plus de 300 mètres que les couches ont été entaillées le long d’escarpemens de 12 mètres de hauteur, au travers de lits de gypse marneux intéressans par comparaison avec les variétés exploitées aujourd’hui. Au boulevard Barbes, les remblais sont également gigantesques, et on retrouve, au-dessous d’eux, le profil très bien conservé des escarpemens abandonnés par les anciens ouvriers. Dans la rue de Meaux, non loin de l’hôpital Saint-Louis, on a recoupé, à une dizaine de mètres sous le pavé, des galeries d’exploitation soigneusement remblayées à une époque inconnue mais selon la méthode encore en usage. C’est le pendant exact