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non-seulement d’une matière conjonctive d’un emploi commode et d’une solidité parfaite, mais encore d’un revêtement qui fait disparaître toutes les irrégularités des matériaux mis en œuvre et permet d’embellir économiquement les constructions. Le plâtre de Paris est si universellement estimé qu’on l’exporte jusqu’aux États-Unis.

Avant le perfectionnement des moyens de transport qui permettent de charrier sur tout le territoire des matériaux provenant de Lorraine ou de Bourgogne, des environs de Caen ou des environs de Grenoble, on se figure ce que devait être une ville comme Paris, disposant de tous les élémens architectoniques, en face de localités comme Londres, qui devait se contenter des briques fabriquées avec ses argiles, ou comme Clermont-Ferrand, bâti de blocs de lave, impossibles à tailler, difficiles à réunir, ou comme Brest, fait de granit rebelle. On s’imagine comment l’attrait des constructions de la capitale, alors si correctes par comparaison, devait s’ajouter à ses autres causes de succès.

Et c’est dans le même ordre d’idées, qui nous ramène d’ailleurs aux points de vue mêmes d’où nous sommes partis, qu’il faut ajouter que si Paris a reçu de la géologie de son sol des avantages si grands qu’une portion de sa prospérité peut légitimement lui être rapportée, — Paris, en échange, a été le berceau, et toujours à cause de son sol, d’un très grand nombre de progrès purement scientifiques.

C’est à Paris, par exemple, que Guettard, le propre maître de l’immortel Lavoisier, a réalisé le premier cette idée si riche en applications, de représenter sur la carte géographique la constitution du sol en chaque point. Dès sa première tentative, il a ainsi mis en évidence que Paris réside en un véritable centre géologique, en un point autour duquel les élémens terrestres sont nettement coordonnés, et tellement que, bien plus tard, Élie de Beaumont et Dufrenoy seront autorisés à faire de la capitale l’un des « pôles géologiques » de la France entière.

C’est à Paris, et en raison même des caractères des terrains qui le supportent, que Cuvier a fondé la paléontologie : nos lecteurs savent l’histoire des carrières de Montmartre. C’est encore à Paris que le collaborateur de Cuvier, Alexandre Brongniart, a trouvé la localisation, à des niveaux géologiques parfaitement déterminés, de corps fossiles spéciaux. A Paris également est née la paléontologie végétale, grâce aux travaux d’Adolphe