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Dans toutes les formations géologiques intéressées, des échantillons ont été prélevés avec le plus grand soin et déposés dans les collections du Jardin des Plantes où elles sont tenues à la disposition des naturalistes qui désirent les étudier. M. Auguste Dollot, correspondant du Muséum, à qui sont dues la plupart de ces récoltes précieuses, leur a donné une valeur plus grande en en présentant les particularités principales sous la forme de grandes coupes qui nous donnent maintenant d’un seul coup d’œil une représentation scrupuleusement exacte de la structure souterraine de Paris. Grâce à ces belles recherches, nos descendans auront un témoignage palpable et un souvenir permanent de toute une région destinée à disparaître totalement, puisqu’elle doit sans aucun doute être remplacée en tous ses points par des substructions artificielles.

La situation géographique de Paris est telle que les travaux du Métropolitain conduisent, malgré leur profondeur relativement si faible, à des considérations d’un intérêt général.

Remarquons avant tout, en nous reportant par la pensée à l’époque où la grande ville a commencé à se développer et à prendre de l’importance, qu’il était décisif pour elle de posséder, dans son propre sous-sol, tous les matériaux indispensables à la construction et à l’embellissement d’une cité.

A cet égard, les choses sont naturellement arrangées dans notre région d’une manière si profitable qu’on pourrait les croire agencées à plaisir. A côté l’une de l’autre, et dans des situations facilement accessibles, se trouvent de volumineuses accumulations d’une argile propre à faire les tuiles et les briques, les tuyaux de conduite et les tuyaux de cheminées ; de pierre à bâtir de toutes les variétés fournissant, suivant les cas, des moellons ou des pierres de taille, avec toutes les qualités diverses que les entrepreneurs les plus exigeans peuvent désirer ; de sables souvent purs comme du cristal de roche en poussière, parfois chargé de fer ou d’argile, ou d’autres substances, en tous cas tout à fait convenables pour la préparation des mortiers ; de pierres meulières aussi légères que résistantes, procurant des constructions d’une solidité à toute épreuve, comme en témoignerait au besoin le mur des fortifications ; enfin de pierre à plâtre qui constitue la merveille dans la série et qui contient le secret même de l’ancienne réputation de Paris.

Avec le plâtre en effet, Paris a toujours disposé,