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Désandrouin, du percement du Saint-Gothard par Stappf, du forage du puits de Grenelle par Mulot, sont restés célèbres dans ce genre.

Je sais bien qu’il peut, ici comme partout, y avoir des mécomptes tels que ceux qui se sont produits dans le tunnel de Meudon près de Paris et dans l’immense percée du Simplon : on peut rencontrer, au cours des travaux les mieux préparés, des circonstances imprévues. C’est que nous ne sommes qu’au début de nos études, et que des quantités de traits de la structure du globe nous ont jusqu’ici échappé. En outre, les lois naturelles sont infiniment compliquées et la disposition instinctive qui nous porte à les simplifier, pour leur donner une forme quasi géométrique, est une cause fréquente d’erreurs. Et c’est pour cela que, malgré ces insuccès d’ailleurs exceptionnels, la géologie continuera de guider l’industrie dans les grands travaux dont le sol est le théâtre, et que, de leur côté, ces travaux continueront à augmenter le nombre des notions scientifiques acquises.

Or, voilà précisément le double résultat qui vient d’être réalisé au cours de la construction du chemin de fer métropolitain, cette dernière transformation, et la plus remarquable, depuis longtemps, de la Ville de Paris.

La région que recouvre le « pavé de Paris » a été soumise dès l’origine de la cité, de la part de ses habitans, à des remaniemens incessans, et certaines portions en ont été artificiellement supprimées d’une façon complète. Telles sont les assises désignées sous le nom de marnes de Saint-Ouen qui ont été enlevées à la surface de la plaine Monceau, afin de mettre à peu près au même niveau toutes les voies du quartier. La même soustraction s’opéra aux dépens d’une partie de la montagne Sainte-Geneviève lorsque furent percés le boulevard Saint-Michel et la rue Monge et aux dépens de la Butte des Moulins, quand on ouvrit l’avenue de l’Opéra. Dans-ces différens cas, la science eut à faire des découvertes intéressantes. On peut voir au Muséum les restes d’un animal fossile, le Pernatherium, trouvé justement dans les couches dont l’ablation précéda la construction de l’église Saint-Augustin.

Pourtant, c’étaient là des travaux très locaux. Le tracé du Métropolitain y vient ajouter un ensemble très vaste. On ne s’étonnera pas, d’après ce qui précède, que des notions bien plus importantes en soient immédiatement résultées.