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possessions qui s’étendent presque toutes sous des climats étrangers, une réserve de matières premières et un marché toujours ouvert. En nous mêlant à la vie politique et commerciale des principales régions du globe, nos colonies nous rendent un autre service : elles contribuent à maintenir chez nous, malgré nos discordes intérieures, une stabilité relative et une certaine continuité de vues ; les colonies sont ainsi, pour la métropole, un perpétuel enseignement et un utile exemple ; elles lui apprennent la nécessité de faire passer, avant les querelles politiques et religieuses, le souci de rester forts ; elles l’arrachent à la séduction des rêveries humanitaires pour la placer en face de la réalité de la concurrence internationale et de la lutte pour la vie ; elles lui enseignent l’efficacité souveraine et la nécessité bienfaisante de l’effort. On essaye, dit-on, d’acclimater aux colonies, en Indo-Chine notamment, sous couleur de propagande républicaine, le régime de la suspicion et de la délation politique ; si une pareille tentative réussissait, les nouvelles colonies françaises, si prospères, si pleines de vitalité, auraient fait leurs premiers pas vers la décadence et la ruine. Aussi ne croyons-nous pas terminer par un souhait mesquin ou partial les réflexions que l’Exposition de Marseille nous a suggérées, en disant, comme le vieux Caton répétait qu’il faut détruire Carthage, qu’il faut préserver les colonies de la politique et supprimer les sénateurs et les députés coloniaux.


RENE PINON.