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considérable : tels sont les résultats que les données statistiques et les collections du palais de l’Afrique occidentale montrent aux visiteurs de l’Exposition. Dans l’histoire coloniale de tous les peuples il n’est peut-être pas d’œuvre plus belle, ni plus humaine ; et il n’en est peut-être pas, dans notre propre histoire, dont les résultats promettent d’être plus avantageux pour la métropole.

C’est une impression de même nature, quoique moins vive, que l’on emporte d’une visite au pavillon du Congo. Là aussi le perfectionnement de l’outillage économique, la réorganisation administrative, l’amélioration des voies de communication préparent, dans un avenir prochain, le moment où les colonies qui constituent le gouvernement général du Congo subviendront à leurs besoins et à leurs travaux par leurs propres ressources. Les prévisions budgétaires pour 1906 sont arrêtées à 5 920 000 francs. Le commerce général a été en 1904 de 21 193 603 francs (dont 9 058 140 francs à l’importation et 12 135 463 francs à l’exportation) contre 16 916 319 francs en 1903. Le Congo a, dans le caoutchouc, un élément inépuisable de richesse ; il est au début d’une ère de très brillant développement économique.

Madagascar, pour son immense surface, n’a que 2 600 000 habitans environ ; cette pénurie d’hommes et la médiocre fertilité d’une grande partie de son sol empêchent son essor d’être aussi rapide qu’on l’avait espéré. Le beau palais qu’elle a construit à Marseille est un témoignage de ses efforts, de ses progrès et des résultats qu’elle a déjà acquis sous le gouvernement du général Galliéni. Les chiffres, ici, bien qu’avec de moindres proportions, ont la même signification qu’en Afrique occidentale ou en Indo-Chine. Le budget qui était de 10 830 000 francs, en 1896, est, en 1905, de 48 185 000 francs ; depuis 1903, la métropole a pu supprimer sa subvention et c’est au contraire la colonie qui contribue aux dépenses militaires. Les importations, en 1904, ont été de 26 419 000 francs et les exportations de 19 350 000 francs ; la part de la France dans le commerce est depuis longtemps prépondérante ; un régime douanier presque prohibitif a évincé la concurrence anglaise et américaine ; seule l’Allemagne réussit à maintenir et même à améliorer ses positions. En 1896, sur un commerce de 17 millions et demi de francs, la France n’entrait que pour 7 391 000 francs ; en 1904, sur un chiffre d’affaires de 45 776 000 francs, elle participe pour 35 925 000 francs. Madagascar est bien une colonie française dont l’essor profite à la France.