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parler de l’Algérie et de la Tunisie, presque métropolitaines, l’Indo-Chine, l’Afrique occidentale, Madagascar, le Congo. Les dimensions des palais sont la figuration exacte des proportions relatives des différentes parties de l’empire colonial français. L’Indo-Chine et l’Afrique occidentale s’imposent par leur masse, tandis que nos vieilles colonies, ces « Iles » jadis si florissantes, semblent s’effacer pour laisser le premier rang aux nouvelles venues. La Réunion et les Antilles n’ont pour elles toutes qu’un petit pavillon, d’ailleurs très élégant et aménagé avec autant de science que de goût ; la Guyane, la Nouvelle-Calédonie, Tahiti se partagent un bâtiment dont le médiocre intérêt révèle le désarroi économique et financier dont souffrent, sinon la Guyane, du moins nos colonies du Pacifique.

Organisation administrative, mise en valeur économique par l’étude détaillée des richesses naturelles et par l’exécution de travaux publics, tel apparaît encore le résultat de ces dernières années. Le corps des fonctionnaires coloniaux s’est complété, amélioré, spécialisé. De bons gouverneurs généraux, heureusement maintenus longtemps dans leur charge, ont fini par créer des traditions politiques et administratives ; ils ont pu profiter de leurs expériences, porter remède à bien des abus, combler bien des lacunes. Partout ils ont inauguré, vis-à-vis des indigènes, une politique de plus en plus préoccupée d’étudier, pour les respecter, tout en tirant parti d’elles, les lois, les coutumes et les traditions des peuples que nous avons assumé la tâche de gouverner. Le développement des services d’enseignement et surtout des écoles techniques pour les indigènes a marché de pair avec l’application de nouvelles méthodes d’administration.

Un grand palais central, six ou sept pavillons, des annexes, des boutiques, une maison annamite, un théâtre, toute une ville aux architectures compliquées, étranges, mais puissantes et bien choisies pour donner l’impression d’une civilisation très antique et très raffinée : c’est l’exposition de l’Indo-Chine. La disposition et la multiplicité de ses palais est un premier enseignement : l’Indo-Chine est une, elle a un gouvernement général, elle est un empire d’environ dix-sept millions d’habitans : un grand palais central en fait foi ; le gouvernement général y a réuni les échantillons et les documens statistiques qui concernent l’ensemble de la colonie et qui témoignent, de son activité et de ses progrès. Quelques chiffres, qui s’étalent sur les murs, mettent en