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consacré à l’Organisation sanitaire aux colonies, par le docteur Georges Treille ; un autre le sera au Mouvement de la législation coloniale dans les colonies et les pays de protectorat, et un à l’enseignement colonial en France et à l’étranger. M. Paul Gaffarel, avec la compétence qui lui appartient, nous a donné une très utile et très complète Histoire de l’expansion coloniale de la France depuis 1870 jusqu’en 1905 ; un autre volume, dû à la collaboration de plusieurs professeurs et érudits marseillais[1], relate les aventures et les exploits des Voyageurs et Explorateurs provençaux. M. Paul Masson, enfin, dans Marseille et la colonisation française, a montré, avec une précision qui n’exclut ni les vues générales ni les aperçus nouveaux, comment, à travers toute notre histoire, la vie et l’activité de Marseille ont été étroitement liées avec l’expansion de la France au dehors. Nous ne croyons pas faire tort à ses collaborateurs en disant que le livre de M. Paul Masson est peut-être le plus original de cette collection qui, dans son ensemble, fait tant d’honneur à l’initiative marseillaise ; elle constitue l’inventaire le plus complet qui ait été dressé des ressources, des populations, des besoins de nos colonies, et elle est appelée à rendre les plus réels services à ceux qui ont la charge de diriger pratiquement l’expansion de la France outre-mer.

Le ministre des Colonies et M. J. Charles-Roux ont voulu que l’Exposition de Marseille apportât encore à ses visiteurs un enseignement d’un autre genre, et ils ont décidé de consacrer le pavillon du ministère des Colonies à une exposition de peinture et de sculpture coloniales, ou du moins orientales. Les grands romantiques, Delacroix, Henri Regnault, Decamps, Fromentin, Chassériau, ceux à qui les ciels d’Afrique révélèrent un coloris nouveau et aussi ceux qui peignirent l’Orient comme Hugo le chanta, sans l’avoir vu, simplement parce qu’ils avaient de la lumière dans l’œil et de l’exotisme dans l’imagination, sont représentés ici par quelques-unes de leurs bonnes toiles. Un grand hall est réservé aux orientalistes contemporains, qui exposent quelques morceaux excellens. La liberté de la Grèce et la conquête de l’Algérie ont déterminé, dans l’art français, un admirable renouveau : verrons-nous un mouvement semblable au romantisme sortir de la colonisation moderne ? Il n’apparaît pas que la réponse nous soit donnée sur les murs du Pavillon du

  1. MM. Barré, Clerc, Gaffarel, de Laget, Pellissier, Perrier, Teisseire.