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Congo. En Indo-Chine, ils n’ont pris qu’une faible part à l’expansion française : l’Afrique reste leur domaine de prédilection. « Le Provençal, écrit M. Paul Masson, aventureux et indiscipliné, partisan de l’action isolée, est certainement l’un des Français qui répugnent le moins à courir le monde et à s’établir en pays inconnus. Ce qui n’empêche pas le Marseillais de vieille souche d’être souvent l’homme le plus singulièrement casanier du monde, incapable de s’aventurer même dans les quartiers de sa ville qui ne lui sont pas familiers. » Colons ou négocians, armateurs ou industriels, les Marseillais regardent vers la mer ; ils sont, avec les Bordelais, les plus actifs intermédiaires entre la France et ses colonies ; tout le commerce colonial de Lyon, qui a pris tant d’ampleur, en ces dernières années, passe par Marseille, associant dans une même œuvre les deux grandes cités de la vallée du Rhône. On pourrait presque dire qu’avec leurs qualités et leurs défauts, les Marseillais forment comme la transition naturelle entre le monde colonial et la métropole. Des Marseillais, comme MM. Eugène Etienne, — un Marseillais d’adoption, — et J. Charles-Roux, un Marseillais de vieille roche, ont été, au Parlement, les défenseurs de l’expansion coloniale, en un temps où il y avait quelque mérite à l’être et où les « coloniaux » étaient en butte aux violentes attaques de l’extrême-gauche et de l’extrême-droite. Ainsi l’histoire et les intérêts de Marseille sont étroitement liés à l’expansion coloniale française ; elle peut à bon droit revendiquer le titre qu’elle ambitionne de métropole coloniale de la France.


III

Cette activité coloniale, Marseille en a largement profité ; si elle reste le premier port méditerranéen, c’est à son commerce avec les colonies françaises qu’elle le doit ; elle fait, avec elles, un quart au moins de ses échanges totaux ; c’est chez elles qu’elle trouve les matières premières indispensables à ses industries : c’est ce que prouve l’étude du mouvement commercial marseillais en ces dernières années. L’Exposition est la démonstration et, pour ainsi dire, la réalisation schématique de ce double fait : d’un côté, que la part du commerce colonial est considérable dans l’activité générale de Marseille, et, de l’autre, que Marseille devient de plus en plus une grande ville industrielle dont les colonies sont un des principaux débouchés.