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l’empire colonial français. Le célèbre professeur et voyageur Schweinfurth, de Berlin, a récemment visité Marseille et exprimé, en même temps que son admiration pour le goût parfait qui a présidé à l’aménagement de l’Exposition et pour le grand effort scientifique dont elle est la preuve, son étonnement « du silence de la presse parisienne sur un événement aussi national que celui-ci. » Les étudians de l’Université commerciale de Cologne avaient trouvé, l’hiver dernier, à Marseille, lors du voyage d’étude qu’ils y firent, un accueil empressé et sympathique ; la Gazette de Cologne en prit texte pour consacrer des articles très exacts et très élogieux à l’Exposition ; le Deutsche Kolonialblatt, journal officiel édité par les soins du département colonial du ministère des Affaires étrangères, publiait, dans son numéro de juin, un article très sympathique qu’il terminait en ces termes : « L’Exposition coloniale offre une image complète de l’importance de l’Empire colonial français. Elle permet de se faire une idée du développement considérable, tant économique que civilisateur, que les intérêts coloniaux français ont acquis au cours de ces dernières années et enfin elle exercera, à n’en pas douter, une profonde influence sur les rapports réciproques que les colonies entretiennent avec leur mère patrie. » La Gazette de Voss, dans un article daté de Paris, et l’Ostsee Zeitung, ayant lourdement dénigré l’Exposition, une note, dont le ton révélait l’origine officielle, leur fut envoyée pour rétablir la vérité et rendre justice à Marseille et à l’œuvre coloniale de la France. Le grand journal de Brème, la Weser Zeitung, dans une série de « Causeries, » étudiait en détail l’Exposition, louant à bon escient ou critiquant sans acrimonie, et concluait : « A vouloir jeter un coup d’œil d’ensemble sur les quatre pavillons que je viens de critiquer pour en tirer une leçon, il nous faut avouer, et non sans envie, que l’on doit s’incliner devant le sérieux de ce travail colonial. La France ici ne parle pas seulement aux Français, mais au monde tout entier : ces quatre pavillons suffisent à eux seuls pour assurer à l’Exposition coloniale une portée internationale. Nous avons trop l’habitude de considérer l’Angleterre comme l’alpha et l’oméga en matière coloniale, comme la puissance coloniale par excellence. C’est le plus grand titre de gloire de l’Exposition coloniale de Marseille de démontrer pratiquement qu’en France aussi on sait coloniser et que, nous autres Allemands, nous pouvons encore apprendre énormément de la