en 1657, une jolie blonde nommée Louise de Degenfeld, appartenant à une vieille famille de la noblesse. Elle plut à l’Électeur par sa douceur, qui le reposait des violences de Charlotte. Il lui offrit son cœur et une situation dans une lettre galante et positive ; on possède leur correspondance[1]. Louise ne demandait pas mieux ; mais c’était une personne pieuse, bourrée de principes et de scrupules. Elle posa cette condition baroque que le marché recevrait l’approbation des « théologiens… Sa conscience et son honneur, » disait-elle, ne pouvaient pas être rassurés à moins. Charles-Louis eut beau lui laisser entendre qu’il était résolu, pour des raisons politiques, à ne pas divorcer, et que, par conséquent, elle se butait à l’impossible, rien n’y fit ; Mlle de Degenfeld persistait avec un doux entêtement à exiger tout d’abord « la permission des théologiens. »
Il tenta de la séduire par le détail de la situation offerte, et il en dressa un mémoire où se retrouve son humeur méticuleuse, associée à son perpétuel souci d’épargner les deniers de son peuple. Mlle de Degenfeld dut se tenir pour avertie que l’Électeur Charles-Louis n’augmenterait jamais un impôt pour les beaux yeux d’une maîtresse. Il s’engageait à lui abandonner la jouissance de deux domaines situés proche Heidelberg, et, patiemment, consciencieusement, il énumérait ce qu’ils avaient rapporté, en argent ou en nature, dans une année moyenne. Schwetzingen, dont il est souvent question dans la correspondance de Madame, avait donné 1 083 écus d’Allemagne, 69 muids d’orge et 126 d’avoine ; Wersaw avait donné 284 écus, 36 muids d’orge et 134 d’avoine. Sans compter les autres espèces de grain ; ni « la paille, le bois et d’autres petites choses ; » ni les 800 écus que l’Électeur ajouterait pour l’argent de poche ; ni « les 4 foudres de vin, les 10 pièces de venaison, les 10 cochons et les 10 chevreuils » qu’il enverrait chacun an pour le ménage ; ni ce que rapporteraient certainement en plus les améliorations effectuées dans les métairies.
Sur lesdits revenus, il serait entendu que Mlle de Degenfeld paierait, habillerait et nourrirait « une demoiselle, une femme de chambre, une fille de chambre, une blanchisseuse, un économe, un page, deux laquais. » L’Électeur s’engageait pour sa part à
- ↑ Elle est même imprimée, sans être toutefois dans le commerce ; elle se trouve au volume 167 des (publications de la Société littéraire de Stuttgart. Voyez plus haut, p. 767.