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MADAME [1]
MÈRE DU RÉGENT

SA FAMILLE. — L’ALLEMAGNE APRÈS LA GUERRE DE TRENTE ANS. — ENFANCE ET PREMIÈRE JEUNESSE

Madame, Duchesse d’Orléans et mère du Régent, passait sa vie à écrire des lettres : à ceux de ses parens qu’elle connaissait et à beaucoup d’autres qu’elle n’avait jamais vus ; à ses amis, ses familiers, ses gens d’affaires et, suivant son expression, « tout ce qui se présentait. » Dans sa jeunesse, elle s’était partagée entre son encrier et les plaisirs, ou les corvées, de la cour de France. Avec les années, la correspondance lui dévora ses heures l’une après l’autre, et elle en vint à écrire jusqu’à dix ou douze lettres par jour, ayant chacune jusqu’à vingt ou trente pages d’un immense papier à la mode du temps. Il en partait pour l’étranger par tous les courriers et toutes les occasions sûres. Pour les courtes distances, comme de Versailles ou de Saint-Cloud à Paris, il en partait du matin au soir, portées par deux ou trois jeunes pages dont c’était l’unique occupation. Ces innombrables paquets allaient apprendre à la France et à l’Europe, avec force détails et répétitions, de quoi Son Altesse royale avait ri ou pleuré

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    Publisched October fiftenth 1906. Privilege of copyright in the Utnited Stats reserved under the Act approvend march third 1905 by Avrède Barine.