Francfort, Grimm, très mêlé au mouvement de l’Encyclopédie, et un Suisse de Zurich, Meister.
Comment donc se fait-il que, dans ces conditions, — et le lecteur sent bien ce que l’indication qu’on en donne ici a de sommaire et de superficiel, — l’opinion se soit accréditée que la littérature française, en général, serait demeurée « indifférente » aux littératures étrangères ? La littérature française a pu se préférer aux littératures étrangères, et non pas, je l’avoue, sans donner de sa préférence des raisons souvent impertinentes. Mais, ces littératures, elle les a connues, elle les a « pratiquées ; » elle a transposé, dans notre langue, et au ton de notre mentalité, ce qu’elle en a cru pouvoir s’approprier. Les traductions, non seulement du grec et du latin, mais de l’italien et de l’espagnol, ont abondé au XVIe et au XVIIe siècle ; les traductions de l’anglais et de l’allemand au XVIIIe siècle. Aucun érudit n’a peut-être mieux su que Chapelain la littérature espagnole ; et, cent ans plus tard, un abbé Prévost n’a guère ignoré de la littérature anglaise que ce qui relevait de la pure érudition. Nous venons de dire que Diderot et Voltaire ne l’avaient guère moins bien connue. Citons encore Suard, que les connaissances de la littérature anglaise devait mener au secrétariat perpétuel de l’Académie française. Lisons le Journal étranger… Et c’est pourquoi, décidément, quand on cherche les raisons de cette opinion très fausse sur l’ignorance française des littératures étrangères, on ne les trouve qu’en ceci : que personne, jusqu’à présent, n’a songé à écrire l’histoire de cette influence, et qu’à peine même est-elle indiquée dans nos histoires de la littérature française.
C’est ce qui fait encore la nouveauté du livre de M. Pierre Martino, dont cette digression ne nous a pas autant éloigné qu’on croirait. On n’avait encore étudié d’aussi près que M. Martino, d’une manière à la fois didactique et critique, l’influence d’aucune littérature sur la littérature française. Ce livre sur l’Orient dans la Littérature française donnera peut-être à quelque historien l’idée d’en écrire un sur l’influence de l’Italie ou de l’Angleterre dans notre littérature. Et on va voir, par les conclusions où nous mène celui de M. Pierre Martino, quel pourrait être l’intérêt d’un pareil livre.
Je ne sais, à la vérité, si l’auteur n’a pas pris son sujet d’un peu haut, ou d’un peu loin dans l’histoire, en cherchant, par exemple, et en essayant de ressaisir des traces d’ « influence orientale, » dans