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L’ORIENT
dans
LA LITTÉRATURE FRANÇAISE[1]


Il y a deux livres au moins, qui se tiennent, mais qu’on pourrait toutefois aisément détacher l’un de l’autre, dans le livre tout à fait intéressant, et neuf à bien des égards, que M. Pierre Martino vient de publier sur l’Orient dans la littérature française, aux XVIIe et XVIIIe siècles ; — et il pourrait y en avoir trois. C’est peut-être le troisième qui eût été le plus intéressant. Schopenhauer, dont la philosophie n’est elle-même qu’un bouddhisme occidental, a écrit quelque part, en 1819 ou 1822, que « le XIXe siècle ne devrait guère moins un jour à la connaissance du vieux monde oriental que le XVIe siècle à la découverte ou à la révélation de l’antiquité gréco-romaine. » Ce troisième livre n’eût été que le développement de cette « vue » de Schopenhauer, dont il nous semble bien, pour notre part, que l’on ne saurait contester : la justesse, mais dont il resterait cependant à faire « la preuve. » On en trouverait aisément le moyen, dans deux ouvrages, de valeur diverse et d’inégale renommée : les deux volumes de Jules Mohl : Vingt-sept ans de l’histoire des Études orientales (c’est la collection de ses rapports annuels comme secrétaire de la Société Asiatique) ; et cet Avenir de la Science, que Renan lui-même, d’un nom qu’il empruntait précisément à la littérature de l’Inde, appelait son « gros Pourana. » Mais M. Pierre Martino, dont c’était assurément le

  1. L’Orient dans la Littérature française au XVIIe et au XVIIIe siècle, par M. Pierre Martino, 1 vol. in-8o, Paris, 1906, Hachette.